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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/879

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quelques endroits, porte, dit-on, un limon chargé d’or. Voy. Or. En France nous avons quelques rivieres, comme l’Arriege, qui roulent des pailletes d’or. M. de Reaumur a donné à l’académie des Sciences un mémoire sur ce sujet en 1721.

A l’égard des fleuves qui roulent des grains d’argent, de fer, de cuivre, de plomb, il y en a sans doute aussi un grand nombre de cette espece, & les vertus medicinales des eaux minérales viennent pour la plûpart des parties métalliques que ces eaux renferment. Nous ne devons pas oublier de parler d’un fleuve d’Allemagne qu’on prétend avoir la propriété de changer le fer en cuivre. La vérité est pourtant que le fer n’est point réellement converti en un autre métal par les eaux de ce fleuve, mais que les particules de cuivre & de vitriol qu’elles contiennent, rongent le fer, en désunissent les parties au moyen du mouvement des eaux, & reparoissent à la place des parties du fer qu’elles ont divisées.

Le mélange des différentes matieres que contiennent les eaux des fleuves, est ce qui constitue leurs différentes qualités, leurs différentes pesanteurs spécifiques, leurs différentes couleurs. Voyez Eau.

Débordement périodique de certains fleuves. Il y a des fleuves qui grossissent tellement dans certaines saisons de l’année, qu’ils débordent & inondent les terres adjacentes. Parmi tous ces fleuves, le plus célebre est le Nil, qui s’enfle si considérablement qu’il inonde toute l’Egypte, excepté les montagnes. L’inondation commence vers le 17 Juin, & augmente pendant environ 40 jours, puis diminue pendant 40 autres ; durant ce tems les villes d’Egypte qui sont bâties sur des montagnes, paroissent comme autant d’îles.

C’est à ces inondations que l’Egypte doit sa fertilité ; car il ne pleut point dans ce pays, ou au moins il n’y pleut que fort peu. Ainsi chaque année est fertile ou stérile en Egypte, selon que l’inondation est plus grande ou moindre. La cause du débordement du Nil vient des pluies qui tombent en Ethiopie ; elles commencent au mois d’Avril, & ne finissent qu’en Septembre ; durant les trois premiers mois le ciel est serein pendant le jour, mais il pleut toute la nuit. Les pluies de l’Abyssinie contribuent aussi à ce débordement ; mais le vent du nord en est la cause principale : 1°. parce qu’il chasse les nuages qui portent cette pluie du côté de l’Abyssinie : 2°. parce qu’il fait refouler les eaux du Nil à leur embouchure. Aussi dès que ce vent tourne au sud, le Nil perd en un jour ce qu’il avoit acquis dans quatre.

Les autres fleuves qui ont des débordemens considérables dans certains tems marqués sont, 1°. le Niger qui déborde dans le même tems que le Nil. Léon l’afriquain dit que ce débordement commence vers le 15 Juin, qu’il augmente durant 40 jours, & qu’il diminue ensuite pendant 40 autres. 2°. Le Zaire, fleuve du royaume de Congo, qui vient du même lac que le Nil, & qui par conséquent doit être sujet aux mêmes inondations. 3°. Le Rio de la Plata dans le Bresil, qui, selon la remarque de Maffée, déborde dans le même tems que le Nil. 4°. Le Gange, l’Indus ; le dernier de ces fleuves déborde en Juin, Juillet, Août ; & les habitans du pays recueillent alors une grande quantité de ses eaux dans des étangs, pour s’en servir le reste de l’année. 5°. Différens fleuves qui sortent du lac de Chiamay dans la baie de Bengale, & qui débordent en Septembre, Octobre, & Novembre. Les inondations de tous ces fleuves fertilisent les terres qui en sont voisines. 6°. Le fleuve Macoa en Camboya, le fleuve Parana ou Paranaguasa, que quelques-uns prétendent être le même que le fleuve d’Argent : différens fleuves sur la côte de Coromandel dans l’Inde, qui débordent dans les mois pluvieux de l’année, parce qu’ils sont alors grossis

par les eaux qui coulent du mont Gatis : l’Euphrate qui inonde la Mésopotamie certains jours de l’année : enfin le fleuve de Sus en Numidie.

« Les plus grands fleuves de l’Europe sont le Volga, qui a environ 650 lieues de cours depuis Reschow jusqu’à Astracan sur la mer Caspienne ; le Danube dont le cours est d’environ 450 lieues depuis les montagnes de Suisse jusqu’à la mer Noire ; le Don, qui a 400 lieues de cours depuis la source du Sosna qu’il reçoit jusqu’à son embouchure dans la mer Noire ; le Nieper, dont le cours est d’environ 350 lieues, qui se jette aussi dans la mer Noire ; la Duine, qui a environ 300 lieues de cours, & qui va se jetter dans la mer Blanche, &c.

» Les plus grands fleuves de l’Asie sont le Hoanho de la Chine, qui a 850 lieues de cours en prenant sa source à Raja-Ribron, & qui tombe dans la mer de la Chine au midi du golfe de Changi ; le Jenisca de la Tartarie, qui a 800 lieues environ d’étendue depuis le lac Selinga jusqu’à la mer septentrionale de la Tartarie ; le fleuve Oby, qui a environ 600 lieues depuis le lac Kila jusque dans la mer du nord, au-delà du détroit de Waigats ; le fleuve Amour de la Tartarie orientale, qui a environ 575 lieues de cours, en comptant depuis la source du fleuve Kerlon qui s’y jette, jusqu’à la mer de Kamtschatka où il a son embouchure ; le fleuve Menamcon, qui a son embouchure à Poulo-Condor, & qu’on peut mesurer depuis la source du Longmu qui s’y jette ; le fleuve Kian, dont le cours est environ de 550 lieues en le mesurant depuis la source de la riviere Kinva qui le reçoit, jusqu’à son embouchure dans la mer de la Chine ; le Gange, qui a aussi environ 550 lieues de cours ; l’Euphrate qui en a 500 en le prenant depuis la source de la riviere Irma qu’il reçoit ; l’Indus, qui a environ 400 lieues de cours, & qui tombe dans la mer d’Arabie à la partie occidentale de Guzarat ; le fleuve Sirderoias, qui a une étendue de 400 lieues environ, & qui se jette dans le lac Aral.

» Les plus grands fleuves de l’Afrique sont le Sénégal, qui a 1125 lieues environ de cours en y comprenant le Niger, qui n’en est en effet qu’une continuation, & en remontant le Niger jusqu’à la source du Gombarou qui se jette dans le Niger ; le Nil, dont la longueur est de 970 lieues, & qui prend sa source dans la haute Ethiopie, où il fait plusieurs contours : il y a aussi le Zaire & le Coanza, desquels on connoît environ 400 lieues, mais qui s’étendent bien plus loin dans les terres du Monoemugi ; le Couama, dont on ne connoît aussi qu’environ 400 lieues, & qui vient de plus loin, des terres de la Cafrerie ; le Quilmanci, dont le cours entier est de 400 lieues, & qui prend sa source dans le royaume de Gingiro.

» Enfin les plus grands fleuves de l’Amérique, qui sont aussi les plus larges fleuves du monde, sont la riviere des Amazones, dont le cours est de plus de 1200 lieues si l’on remonte jusqu’au lac qui est près de Guanuco, à 30 lieues de Lima, où le Maragnon prend sa source ; & si l’on remonte jusqu’à la source de la riviere Napo, à quelque distance de Quito, le cours de la riviere des Amazones est de plus de mille lieues. Voyez le voyage de M. de la Condamine, pag. 15. & 16.

» On pourroit dire que le cours du fleuve S. Laurent en Canada est de plus de 900 lieues depuis son embouchure en remontant le lac Ontario & le lac Erié, de-là au lac Huron, ensuite au lac Supérieur, de-là au lac Alemipigo, au lac Cristinaux, & enfin au lac des Assiniboils : les eaux de tous ces lacs tombent les unes dans les autres, & enfin dans le fleuve S. Laurent.

» Le fleuve Mississipi a plus de 700 lieues d’éten-