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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/112

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ainsi & cuisant la calamine. Cette séparation est appellée le hem.

On se sert aussi de ce fourneau pour faire le cuivre jaune. Voyez les art. Cuivre & Léton.

HÉMACURIES, s. f. pl. (Antiq.) fêtes, à ce que dit le dictionnaire de Trévoux, célébrées dans le Péloponnese en l’honneur de Pélops, à l’autel de qui l’on foüettoit de jeunes gens jusqu’à ce qu’ils l’eussent teint de leur sang ; c’est ce que signifie le mot grec αἱμακουρία, dérivé de αἷμα, sang, & de κοῦρος, jeune homme. (D. J.)

HEMALOPIE, s. f. terme de Chirurgie, épanchement de sang dans le globe de l’œil, à l’occasion d’un coup, d’une chute, ou d’une plaie. Il n’est pas possible d’espérer la résolution du sang épanché dans le globe de l’œil, par les saignées & l’application des remedes propres à calmer l’inflammation & à prévenir ses progrès. Il faut donner issue au sang épanché. La plaie, s’il y en a, est une voie pour l’évacuation de ce fluide. Ceux qui ont cru perfectionner l’opération de la cataracte par l’extraction du crystallin, en imaginant, au lieu des ciseaux dont M. Daviel, inventeur de cette opération, se sert pour couper demi-circulairement à droite & à gauche la cornée transparente au bord de la conjonctive, après avoir pénétré avec une lancette dans la chambre antérieure ; ceux, dis-je, qui ont cru pouvoir éviter la multiplicité des instrumens, en se servant d’un petit bistouri pour faire la section de la cornée dans toute l’étendue convenable, ont éprouvé l’inconvénient de blesser l’iris & de procurer une hémorrhagie qui a rempli la chambre antérieure de l’œil. Cette hémalopie, considérée en elle-même, n’a aucune mauvaise suite, parce que l’incision de la cornée permet la sortie de ce sang que le renouvellement de l’humeur aqueuse delaye. Si la plaie qui a occasionné l’épanchement du sang, n’en favorisoit pas l’issue ; ou si l’hémalopie avoit pour cause l’impression de quelque corps contondant sans plaie, il seroit à propos de faire avec une lancette une ponction à la partie inférieure de la cornée transparente pour tirer le sang épanché, & par-là prévenir les desordres que son séjour & son altération pourroient produire dans le globe de l’œil. On laveroit ensuite le globe deux ou trois fois par jour avec du lait tiede, dans lequel on auroit fait infuser du safran. Quelques praticiens préferent le lait de femme. On traiteroit d’ailleurs le malade suivant les regles que prescrivent son tempérament, & les dangers qu’on auroit à craindre de la blessure plus ou moins grave. Voyez Plaie en général, & Plaie de l’œil en particulier. (Y)

HEMANTUS, s. m. (Botan.) genre de plante à fleur liliacée, monopétale, & découpée en six parties ; le calice devient dans la suite une capsule presque globuleuse, qui est divisée en trois loges, & qui renferme des semences oblongues. Ajoûtez à ces caracteres, que les fleurs de cette plante forment des têtes composées de six feuilles. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

HÉMASTATIQUE, subst. f. (Medecine.) Voyez Statique des Animaux.

HEMATITE, ou HÆMATITE, ou SANGUINE, (Hist. nat. Litholog.) c’est une pierre, ou plûtôt une vraie mine de fer dont la figure varie ; son tissu est tantôt strié ou par aiguilles, comme l’antimoine ; tantôt il est composé de filamens ou de fibres, qui, à la couleur près, la font ressembler à du bois ; tantôt elle est sphérique ou hémi-sphérique ; tantôt elle est en mamelons, & formée par un assemblage de globules qui la font ressembler à une grappe de raisin ; tantôt elle est garnie de pyramides & de pointes ; tantôt enfin elle paroît composée de lames ou de feuillets, qui laissent quelquefois des intervalles

vuides entre eux, & la font ressembler à un rayon de miel. L’hématite varie aussi pour la couleur ; il y en a de rouge, de pourpre, de jaune, & de noirâtre ou couleur de fer : mais lorsqu’on l’écrase, elle est toûjours d’un rouge ou d’un jaune plus ou moins vif. L’hématite, quoique fort chargée de fer, n’est point attirable par l’aimant : le fer qu’elle donne est aigre, & il est difficile de lui procurer la ductilité convenable ; il y en a dont le quintal contient jusqu’à quatre-vingt livres de ce métal. V. Fer. Voilà pourquoi quelques gens l’appellent ferret. (—)

Hematite, ou Sanguine, (Pierre), Mat. médic. on l’employe comme styptique dans les hémorrhagies. Juncker desapprouve son usage intérieur, comme peu éprouvé & souvent nuisible. Les fleurs de pierre hématite préparées par la sublimation avec le sel ammoniac, ne paroissent pas assez merveilleuses au même auteur, pour qu’on puisse le faire passer pour l’azoph de Paracelse, c’est-à-dire pour un remede singulier contre la cachexie, la passion hypocondriaque, la phthisie, la fievre tierce, la dyssenterie, &c. Ses fleurs sont styptiques à petite dose, & nuisent souvent par cette qualité. La teinture qu’on en retire n’est pas exempte du même reproche ; elle est styptique & nauséeuse, selon l’observation de Langius : c’est toûjours Juncker qui parle.

Il est moins dangereux, tutiùs, dit encore cet auteur, de tenir une pierre hématite dans sa main, pour arrêter l’hémorrhagie du nez : mais cet effet attribué si éminemment à la pierre hématite, qu’elle en a tiré son nom dans toutes les langues, ne s’observe que très-rarement ; & encore faut-il qu’on ait tenté ce secours sur des sujets délicats & crédules. On garde dans les boutiques la pierre hématite porphyrisée. Les fleurs de pierre hématite ont une odeur de safran ; elles se préparent comme les fleurs martiales. Voyez Fer.

La pierre hématite entre dans les pilules astringentes, & l’emplâtre styptique. (b)

* Hématites, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques dont S. Clément d’Alexandrie a parlé dans son liv. VII. des Stromotes : leur nom vient de αἷμα, sang. Peut-être étoit-ce une branche des Cataphryges, qui, selon Phylatrius, à la fête de pâques employoient le sang d’un enfant dans leurs sacrifices. Voyez Cataphryges. S. Clément d’Alexandrie se contente de dire qu’ils avoient des dogmes qui leur étoient propres, & dont ils avoient été appellés Hématites. Il seroit à souhaiter que quelqu’un nous donnât une histoire des hérésies ; elle supposeroit des connoissances très-étendues, expliqueroit beaucoup de faits obscurs, & formeroit le tableau le plus humiliant, mais le plus capable d’inspirer aux hommes l’esprit de la paix.

HÉMATOCELE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur contre nature au scrotum, formée par la présence du sang épanché dans les cellules graisseuses de cette partie. Cette maladie vient d’une chûte ou d’un coup violent qui, en meurtrissant la partie, auront occasionné l’ouverture des vaisseaux sanguins qui arrosent la partie blessée. La tumeur est d’un rouge brun, & son traitement est le même que celui qui convient à toutes les contusions. Le malade doit être saigné plus ou moins suivant son âge, son tempérament & la force de la contusion. Les fomentations spiritueuses avec l’eau-de-vie camphrée, les compresses trempées dans cette liqueur, & soutenues d’un bandage nommé suspensoir, feront le pansement dans les premiers jours. Si la contusion menaçoit de gangrene, & que les secours qu’on vient de décrire n’ayent pu prévenir cette terminaison, il faudroit scarifier la tumeur pour débarrasser la partie du sang épanché qui suffoque le principe