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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/115

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réductions sont faites au poids de marc. Diction. du Commerce. (G)

HÉMIOLE, subst. f. ancien terme de Mathématique consacré en quelque maniere à la Musique. Il signifie le rapport de deux choses, dont l’une contient l’autre une fois & demie, comme 3, 2, ou 15, 10. On l’appelle autrement rapport sesquialtere.

C’est de ce rapport que naît la consonnance appellée diapente ou quinte, & l’ancien rythme sesquialtere en naissoit aussi. Voyez Rythme.

Les anciens auteurs italiens donnent encore le nom d’hémiole ou hémiolie à cette espece de triple dont chaque tems est une note noire ; si elle est sans queue, la mesure s’appelle hemiolia maggiore, parce qu’elle se bat plus lentement, & qu’il faut deux noires à queue pour chaque tems. Si chaque tems ne contient qu’une noire à queue, la mesure se bat du double plus vîte, & s’appelle hemiolia minore. (S)

HÉMIOLIEN, adj. en Musique, ou sesquialtere ; c’est le nom que donne Aristoxene à l’une des trois especes du genre chromatique, dont il explique les divisions. Le tétracorde en est partagé en trois intervalles, dont les deux premiers ont chacun cinq douziemes de ton, & le troisieme, par conséquent, cinq tiers. Voyez Tétracorde. (S)

HÉMIOPE, s. f. (Musique.) nom d’un instrument qui étoit en usage chez les anciens. Ce mot vient de ἥμισυς, demi, & ὀπὴ, trou. L’hémiope étoit une flûte qui n’avoit que trois petits trous. Voyez Flute de tambourin. (S)

HÉMIPLÉGIE, s. f. (Médecine.) espece de maladie qui consiste dans la privation du sentiment ou du mouvement ; souvent même de l’un & de l’autre, de tout un côté du corps, de la tête aux piés. Voyez Paralysie.

HÉMISPHERE, s. m. terme de Géométrie, est la moitié d’un globe ou d’une sphere terminée par un plan qui passe par son centre. Voyez Sphere. Ce mot est composé de ἥμισυς, demi, & σφαῖρα, sphere ou globe.

Si le diametre d’une sphere est égal à la distance des deux yeux, & que la ligne droite tirée du centre de la sphere sur le milieu de cette distance soit perpendiculaire à la ligne qui joint les deux yeux, on doit appercevoir tout l’hémisphere. Si la distance des deux yeux est plus grande ou plus petite que le diametre de la sphere, on verra plus ou moins un hémisphere. Voyez Vision.

Le centre de gravité d’un hémisphere est éloigné de son sommet des cinq huitiemes du rayon. Voyez Centre de gravité.

Hémisphere, en terme de Géographie, se dit de la moitié du globe terrestre. Voyez Globe.

L’équateur divise la sphere en deux parties égales, dont l’une est appellée hémisphere septentrional, & l’autre hémisphere méridional. Voyez Equateur.

L’hémisphere septentrional est celui qui a le pole du nord à son sommet. Tel est celui qui est représenté par DPA (Pl. astronom. fig. 52.) terminé par l’équateur DA, & qui a le pole arctique P à son zénith. Voyez Pole & Arctique.

L’hémisphere méridional est cette autre moitié ADQ terminée par l’équateur DA, qui a le pole antarctique Q à son zénith. Voyez Antarctique.

L’horison divise encore la sphere en deux hémispheres, l’un supérieur, & l’autre inférieur. Voyez Horison.

L’hémisphere supérieur est celui de la sphere du monde HZR, qui est terminé par l’horison HR, & qui a le zénith Z à son sommet. Voyez Zénith.

L’hémisphere inférieur est l’autre moitié HNR terminée par l’horison HR, qui a le nadir N à son sommet. Voyez Nadir.

Hémisphere est encore un plan ou projection de

la moitié du globe terrestre ou céleste sur une surface plane. Voyez Carte & Projection. Cette projection est appellée plus proprement planisphere. Voyez Planisphere. Chambers. (E)

HEMI-SPHÉROIDE, s. m. terme de Géométrie, est proprement la moitié d’un sphéroïde, c’est-à-dire d’un solide qui approche de la figure d’une demi-sphere. Voyez Sphéroide. (E)

HÉMISTICHE, sub. m. (Littérature.) moitié de vers, demi-vers, repos au milieu du vers. Cet article qui paroît d’abord une minutie, demande pourtant l’attention de quiconque veut s’instruire. Ce repos à la moitié d’un vers, n’est proprement le partage que des vers alexandrins. La nécessité de couper toûjours ces vers en deux parties égales, & la nécessité non moins forte d’éviter la monotonie, d’observer ce repos & de le cacher, sont des chaînes qui rendent l’art d’autant plus précieux, qu’il est plus difficile.

Voici des vers techniques qu’on propose (quelque foibles qu’ils soient) pour montrer par quelle méthode on doit rompre cette monotonie, que la loi de l’hémistiche semble entraîner avec elle.

Observez l’hémistiche, & redoutez l’ennui
Qu’un repos uniforme attache auprès de lui.
Que votre phrase heureuse, & clairement rendue
Soit tantôt terminée, & tantôt suspendue ;
C’est le secret de l’Art. Imitez ces accens
Dont l’aisé Géliotte avoit charmé nos sens :
Toûjours harmonieux, & libre sans licence,
Il n’appesantit point ses sons & sa cadence.
Sallé, dont Terpsicore avoit conduit les pas,
Fit sentir la mesure, & ne la marqua pas.


Ceux qui n’ont point d’oreilles n’ont qu’à consulter seulement les points & les virgules de ces vers ; ils verront qu’étant toûjours partagés en deux parties égales, chacune de six sillabes, cependant la cadence y est toûjours variée, la phrase y est contenue ou dans un demi-vers, ou dans un vers entier, ou dans deux. On peut même ne completter le sens qu’au bout de six ou de huit ; & c’est ce mélange qui produit une harmonie dont on est frappé, & dont peu de lecteurs voyent la cause.

Plusieurs dictionnaires disent que l’hémistiche est la même chose que la césure, mais il y a une grande différence : l’hémistiche est toûjours à la moitié du vers ; la césure qui rompt le vers est par-tout où elle coupe la phrase.

Tien. Le voilà. Marchons. Il est à nous. Vien. Frappe.


Presque chaque mot est une césure dans ce vers.

Hélas, quel est le prix des vertus ? La souffrance.


Dans les vers de cinq piés ou de dix sillabes, il n’y a point d’hémistiche, quoi qu’en disent tant de dictionnaires ; il n’y a que des césures ; on ne peut couper ces vers en deux parties égales de deux piés & demi.

Ainsi partagés, | boiteux & malfaits,
Ces vers languissans | ne plairoient jamais.


On en voulut faire autrefois de cette espece dans le tems qu’on cherchoit l’harmonie qu’on n’a que très-difficilement trouvée. On prétendoit imiter les vers pentametres latins, les seuls qui ont en effet naturellement cet hémistiche ; mais on ne songeoit pas que les vers pentametres étoient variés par les spondées & par les dactiles ; que leurs hémistiches pouvoient contenir ou cinq, ou six, ou sept syllabes. Mais ce genre de vers françois au contraire ne peuvent jamais avoir que des hémistiches de cinq syllabes égales, & ces deux mesures étant trop rapprochées, il en résultoit nécessairement cette uniformité en-