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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/173

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pratique essentielle de l’Alchimie, de la confection du grand-œuvre. Les autres sont ceux qui dans des ouvrages où ils ont eu pour objet premier & fondamental la transmutation métallique, ont enchâssé cependant dans le jargon alchimique des découvertes sur l’art de traiter les corps par le feu & les menstrues, c’est-à-dire la Chimie générale, y ont décrit des opérations & des instrumens nouveaux ou perfectionnés, ou enfin qui ont enrichi l’art de préparations utiles, usuelles, ou de théories philosophiques lumineuses. Ceux qui sont les plus distingués dans cette derniere classe tiennent aussi le premier rang parmi les premiers chimistes depuis Geber jusqu’à Becher. Voyez la partie historique de l’article Chimie, dans lequel on trouvera (depuis la page 425 au bas de premiere colonne, jusqu’à la fin de la page 428) sur les antiquités alchimiques & sur les plus anciens auteurs, des recherches fort étendues, & qu’il auroit été inutile de répéter ici, même en extrait ou en abrégé.

Je crois pouvoir déduire du petit nombre d’observations que je viens de rapporter sur les écrits alchimiques, que sans décider même de la nullité de l’art & de la frivolité des prétextes allégués pour défendre l’obscurité de la doctrine, que ce seroit, dis-je, une manie bien bisarre que celle de s’occuper à pénétrer le sens des énigmes hermétiques ; qu’il est très-probable même que ces énigmes n’ont pas un sens. J’ai sacrifié un tems assez considérable à parcourir les plus célebres des ouvrages hermétiques purs anciens & modernes, imprimés & manuscrits, pour en tirer les matériaux de trois articles de ce Dictionnaire, savoir l’historique de l’article Chimie, celui-ci, & l’article Pierre philosophale ; & je puis assûrer avec vérité que l’extrait de toutes les connoissances qu’on y peut puiser pour l’acquisition du grand arcane, le véritable esprit de tous ces livres peut se réduire à cette formule tirée d’Avicenne par Becher : qui accipit quod debet & operatur sicut debet, procedit indè sicut debet : « celui qui prend ce qu’il faut & opere comme il faut, réussit par-là comme il faut » ; & à ce beau précepte, labora & ora, travaille & prie. Or quand même cet appareil de mystère ne seroit pas rebutant en soi, qu’il se trouveroit des esprits pour qui ces ténebres même seroient un appât très-séduisant, au-moins qu’il y auroit eu des siecles & des nations dont la philosophie auroit été reservée à un petit nombre d’élus ; certainement ce goût n’est ni de notre siecle ni de notre nation ; notre philosophie est communicative & amie de l’évidence. Les mystères hermétiques ne sauroient s’accommoder avec sa méthode, ni tenter ses sectateurs.

Je sais bien qu’il y aura beaucoup de grands chimistes qui accuseront ce jugement de paresse ou d’ignorance. Mais nous répondrons encore que tel est le goût de notre siecle, que nous sommes parvenus enfin, tout à-travers de l’enthousiasme des Sciences, à apprécier assez sainement les merveilles qu’elles nous découvrent, pour croire les acheter trop cher, s’il faut les puiser dans des ouvrages seulement prolixes, dissous dans une surabondance de paroles, d’observations, de théories, d’expériences, s’il est permis à un chimiste d’employer dans un article de chimie une image chimique, à plus forte raison si ces ouvrages sont obscurs. Nous osons donc être dégoûtés des ouvrages même des alchimistes de la seconde classe, des Lulles, des Paracelses, &c. en avouant pourtant qu’il faut que les vrais maîtres de l’art s’abreuvent de ces premieres sources, toutes troubles & ameres qu’elles sont.

Les Alchimistes ne se sont pas contentés de cacher leurs arcanes vrais ou prétendus, par l’obscurité de leurs écrits, ils les ont encore enveloppés sous des

hyéroglyphes ou des emblèmes tout aussi peu intelligibles. Les plus fameux auteurs hermétiques ont orné leurs ouvrages de quelques-uns de ces tableaux emblématiques, & même ils ont dressé des suites d’emblèmes. La plus complette qui soit parvenue jusqu’à nous est connue sous le nom de liber mutus ; elle est gravée à la fin de la Bibliotheque chimique de Manget, & à la fin de nos Planches de Chimie. (b)

HERMÉTIQUEMENT, (scellé.) Chimie. C’est fermer un vaisseau de verre, en faisant fondre & couler en une seule masse continue les parois de son orifice. (b)

HERMHARPOCRATE, s. m. (Antiq.) statue de Mercure, avec une tête d’Harpocrate. Cette statue a des piés & des mains, puisqu’elle a des aîles aux talons, ce qui designe Mercure ; & puisqu’elle met le doigt sur la bouche, symbole d’Harpocrate. Il y a des hermès qui nous représentent Harpocrate, assis sur une fleur de lotus, tenant le caducée d’une main, & portant le fruit de pêcher sur la tête. M. Spon, qui parle des Hermharpocrates dans ses Recherches curieuses, dit que les anciens ont peut-être voulu nous apprendre par cette figure, que le silence est quelquefois éloquent, Mercure étant le dieu de l’éloquence & Harpocrate celui du silence. (D. J.)

HERMHÉRACLE, s. m. (Antiq.) statue ou pilastre composé de Mercure & d’Hercule, dont les noms grecs étoient Hermès & Héracle. C’est une divinité représentée en maniere d’un Hercule sur un herme, tenant d’une main la massue & de l’autre la dépouille du lion, ayant la forme humaine jusqu’à la ceinture, & le reste terminé en colonne quarrée.

On mettoit communément les Herméracles dans les gymnases & dans les académies, parce que Mercure & Hercule, c’est-à-dire l’adresse & la force, doivent présider aux exercices de la jeunesse ; & d’un autre côté, parce que la perfection de l’homme consiste dans une correspondance de la beauté de l’esprit & de la forme du corps.

Toutes les écoles de la Grèce étoient embellies de tableaux, de statues, & en particulier d’herméracles. Cicéron écrivant à Atticus, le prie de lui envoyer les statues & les herméracles qu’il lui a promis.

« C’est comme vous savez, lui dit-il, pour orner cette salle des exercices que vous connoissez si bien ». Les curieux trouveront le type d’un herméracle dans les Rech. cur. d’Antiq. de M. Spon, p. 98. fig. 13. (D. J.)

HERMIA, s. m. (Botan.) petit fruit des Indes, semblable au poivre pour la figure & pour la forme ; il est aussi attaché à un court pédicule, son écorce est rayée, sa couleur citrine ou rougeâtre, & son goût aromatique. Il fortifie l’estomac, dissipe les flatuosités, & s’emploie dans le relachement de la luette.

HERMIEN, s. m. (Théolog.) nom de secte. Hérétiques qui s’éleverent dans le second siecle, & qui furent ainsi appellés de leur chef Hermias.

On les appelle aussi Séleuciens. Voyez ce mot.

Ils enseignoient que Dieu est corporel, & que Jesus-Christ ne monta point au ciel avec son corps, mais qu’il le laissa dans le soleil. Voyez Ascension, Diction. de Trévoux. (G)

HERMINE, s. f. hermellanus, (Hist. nat. Zool.) animal quadrupede, plus grand que la belette, mais de la même forme ; il a environ neuf pouces & demi de longueur, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue. L’hermine est entierement blanche en hiver, à l’exception du bout de la queue qui est noir ; en été, elle a les mêmes couleurs que la belette, excepté encore le bout de la queue qui reste noir ; le bord des oreilles & les quatre piés qui sont blancs. Dans cette saison, on lui donne le nom de roselet, & bien des gens croient que l’hermine & le roselet sont deux animaux différens : on sait cependant que