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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/347

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sur le noir, les paupieres retirées vers les temples ; les joues très-élevées, la bouche grande, le bas du visage étroit, les levres épaisses, la voix grêle, la tête grosse, les cheveux noirs & lissés, la peau basanée & couleur d’olive foncée. Ils sont petits, trapus & maigres : la plûpart n’ont que quatre piés de hauteur, les plus grands que quatre piés & demi. Les femmes sont aussi laides que les hommes ; leurs mamelles sont très-considérables ; elles en ont le bout noir comme du charbon : des voyageurs disent qu’elles n’ont de poil que sur la tête, & qu’elles ne sont pas sujetes à l’évacuation périodique.

Tous ces peuples laids sont grossiers, superstitieux & stupides. Les Lapons Danois consultent un gros chat noir. Les Suédois appellent le diable avec un tambour. Ils courent en patins sur la neige avec tant de vîtesse, qu’ils atteignent sans peine les animaux les plus légers. Ils ont l’usage de l’arc & de l’arbalête, & ils s’en servent très-adroitement. Ils chassent ; ils vivent de poisson sec, de la chair de renne ou d’ours, & de pain fait de la farine d’os de poisson, broyée & mêlée avec l’écorce tendre du pin ou du bouleau ; ils boivent de l’huile de baleine & de l’eau. Ils n’ont presqu’aucune idée de Dieu ni de religion. Ils offrent aux étrangers leurs femmes & leurs filles. Ils habitent sous terre ; ils s’éclairent avec des lampes pendant leur nuit, qui est de plusieurs mois. Les femmes sont habillées de peau de renne en hiver, & de peaux d’oiseaux en été. Dans cette derniere saison, ils se défendent de la piqueure des moucherons par une épaisse fumée qu’ils entretiennent autour d’eux. Ils sont rarement malades. Leurs vieillards sont robustes ; seulement la blancheur des neiges & la fumée leur affoiblissent la vûe, & il y en a beaucoup qui sont aveugles.

Les Tartares occupent un espace immense. Ils ont le haut du visage large & ridé, le nez court & gros, les yeux petits & enfoncés, les joues fort élevées, le bas du visage étroit, le menton long & avancé, la machoire supérieure enfoncée, les dents longues & séparées, les sourcils gros & couvrant l’œil, les paupieres épaisses, la face plate, le teint basané & olivâtre, les cheveux noirs, la stature médiocre, le corps fort & robuste, la barbe rare & par bouquets, les cuisses grosses, les jambes courtes. Ceux qu’on appelle Calmouques sont d’un aspect effroyable. Ils vivent de la chair du cheval, du chameau, & boivent le lait de jument fermenté avec de la farine de millet. Ils ne gardent de cheveux qu’un toupet, qu’ils laissent croître assez pour en faire une tresse de chaque côté du visage. Les femmes sont aussi laides que les hommes. Ils n’ont ni mœurs ni religion.

Le sang Tartare s’est mêlé d’un côté avec les Chinois, & de l’autre avec les Russes orientaux ; & ce mélange n’a pas tout-à-fait effacé les traits de la race primitive.

Il y a parmi les Russes ou Moscovites beaucoup de visages Tartares, des corps quarrés, des cuisses grosses & des jambes courtes.

Les Chinois ont les membres bien proportionnés, sont gros & gras, ont le visage large & rond, les yeux petits, les sourcils grands, les paupieres élevées, le nez petit & écrasé, la barbe éparse & par épis. Ceux qui habitent les provinces méridionales sont bruns & d’un teint plus basané que les autres. Les habitans du milieu de l’empire sont blancs : au reste, ces caracteres varient ; mais en général ces peuples sont mols, pacifiques, indolens, superstitieux, soumis, esclaves & cérémonieux.

Les Japonois sont assez ressemblans aux Chinois, quant à la figure ; mais altiers, aguerris, adroits, vigoureux, inconstans & vains, capables de sup-

porter la faim, la soif, le froid, le chaud & la fatigue ;

ils sont d’un caractere fort différent.

Les Chinois & les Japonois sont dans l’usage d’empêcher le pié de croître à leurs femmes par des moyens violens, ensorte qu’elles ne peuvent marcher.

Les habitans du pays froid, stérile & montueux d’Yeço, voisins des Chinois & des Japonois, sont grossiers, brutaux, sans mœurs & sans arts, ont le corps court & gros, les cheveux longs & hérissés, les cheveux noirs, le front plat, le teint jaune, le corps & même le visage velus, & sont paresseux & mal-propres.

Les Cochinchinois, dont la contrée est plus montueuse & plus méridionale que la Chine, sont plus basanés & plus laids que les Chinois.

Les Tunquinois, dont le pays est meilleur, & qui vivent sous un climat moins chaud, sont mieux faits & moins laids que les Cochinchinois.

Les Siamois, les Péguans, les habitans d’Aracan, de Laos, &c. sont assez ressemblans aux Chinois ; ils ne different plus ou moins que par la couleur.

Le goût pour les grandes oreilles est commun à tous les peuples de l’orient, & les uns les ont longues naturellement, les autres les allongent par art.

Ces peuples ne different gueres des Chinois, & tiennent encore des Tartares les yeux petits, le visage plat & la couleur olivâtre ; mais en descendant vers le midi, les traits commencent à changer & à se diversifier.

Les habitans de la presqu’isle de Malaca & de l’isle de Sumatra sont noirs, petits, vifs, bien proportionnés, braves & fiers.

Ceux de Java, voisins de Sumatra & de Malaca, tiennent des Chinois ; ils ont seulement la couleur rouge, mêlée de noir des malais. Il faut cependant en excepter les Chacrelas. Ceux-ci sont blonds & blancs, ont les yeux foibles, ne peuvent supporter le grand jour, & ne voyent bien que la nuit.

On prétend que dans l’isle de Mindoro & dans l’isle Formose il y a des hommes à queue : ce fait est suspect ; mais un autre fait qui ne l’est pas, c’est qu’il n’est permis aux femmes mariées d’avoir des enfans qu’à 35 ou 37 ans. Si elles deviennent grosses plûtôt, les prêtresses les foulent aux piés & les font avorter.

Aux isles Mariannes ou des Larrons, les hommes sont très-grands, très-robustes & très-grossiers ; ils ne vivent que de racines, de fruits & de poisson, & cependant ils parviennent à l’extrême vieillesse.

Au midi des isles Mariannes, & à l’orient des Moluques, on trouve la terre des Papous & la nouvelle Guinée. Les Papous sont noirs comme les Caffres, ont les cheveux crêpus, le visage maigre & laid. Parmi ces Papous si noirs, il y a des hommes blonds & blancs.

Les Mogols & les autres peuples de la presqu’isle de l’Inde ressemblent aux Européens pour la taille & les traits ; mais ils en different plus ou moins par la couleur. Les Mogols sont olivâtres.

Les Bengalois sont plus jaunes que les Mogols. Ils sont beaux & bien faits. Leurs femmes passent pour les plus lascives de l’Inde.

Les habitans de la côte de Coromandel sont plus noirs que les Bengalois & moins civilisés. Ceux de la côte de Malabar sont encore plus noirs.

Les coûtumes de ces différens peuples de l’Inde sont bisarres. Les Banianes ne mangent de rien de ce qui a vie. Ils craignent de tuer un insecte. Les Naires de Calicut sont au contraire tous chasseurs ; ils ne peuvent avoir qu’une femme, mais leurs femmes peuvent prendre autant de maris qu’il leur plaît. Il y a des hommes & des femmes parmi ces derniers qui ont les jambes monstrueuses.