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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/370

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appliquées à quelque usage nouveau, paroissent toûjours à des auteurs sans principes devoir changer la face de l’art auquel elles tiennent, devoir suppléer à toutes les anciennes ressources, en un mot, créer un art nouveau. Les sels essentiels de la Garaye, qui ont été distribués dans le public & qui sont au nombre des médicamens des nouvelles pharmacopées, sont retirés des végétaux. Pour peu qu’on soit versé dans les connoissances chimiques, on s’appercevra sur le champ que ces prétendus sels essentiels ne sont précisément & à la lettre que des extraits. C’est ainsi que les qualifie avec raison M. Geoffroy le cadet, dans un Mémoire qu’il a composé sur ce sujet, qui se trouve parmi ceux de l’académie, de ces dernieres années, & à la fin de la chimie hydraulique, imprimée à Paris chez Coignard 1745. Le résumé du jugement de M. Geoffroy sur cette préparation pharmaceutique, qu’il donne lui-même à la fin de son mémoire est celui-ci : « Le sel essentiel, préparé selon la méthode de M. le comte de la Garaye, n’est point un sel essentiel, mais un extrait sec & bien fait, & on peut avoir par infusion…… des extraits aussi sûrs & aussi parfaits que par sa machine ». En effet, l’infusion ménagée par les gens de l’art est bien plus efficace, n’est ni si embarrassante, ni si dispendieuse que la trituration, & elle fournit des remedes qui retiennent les vertus des substances dont ils sont retirés tout aussi peu altérées, qu’elles le sont dans les remedes préparés par la trituration. Au reste, il ne faut pas oublier qu’on ne peut obtenir ni par l’une, ni par l’autre méthode, que les substances végétales solubles par l’eau ; que c’est une prétention chimérique de vouloir en retirer par ce menstrue les parties résineuses & huileuses, les soufres, comme s’exprime M. le C. D. L. G. & par conséquent tous les principes medicamenteux des végétaux. (b)

HYDRE de Lerne, (Mythol.) monstre épouvantable, né de Typhon & d’Echidne, dit Hésiode.

Parmi les fameux travaux d’Hercule, la fable nous vante la défaite de l’hydre, ce serpent monstrueux qui faisoit un ravage épouvantable dans les campagnes, & sur les troupeaux des marais de Lerne. Les poëtes ont feint qu’il avoit un grand nombre de têtes, & qu’on n’en avoit pas plûtôt coupé une, qu’il en renaissoit plusieurs autres ; Hercule, ajoûtent-ils, pour tarir la source de cette fécondité, ne trouva pas d’autres moyens que d’appliquer le feu à chaque tête qu’il abattoit.

Cette hydre à plusieurs têtes, suivant nos Mythologues, n’étoit autre chose qu’une multitude de serpens, qui infectoient les marais de Lerne proche de Mycène, & qui sembloient multiplier à mesure qu’on les détruisoit. Hercule, avec l’aide de quelques-uns de ses compagnons, en purgea le pays, en mettant le feu aux roseaux du marais qui étoit la retraite de ces reptiles ; ensuite il dessecha ce marais par des canaux qui faciliterent l’écoulement de eaux, & rendirent le terrein d’un bon rapport. (D. J.)

* HYDRÉLEON, s. m. (Pharm.) huile commune & eau battues ensemble. Ce medicament pris par la bouche, excite le vomissement, est topique ; il est anodin & suppuratif.

HYDRENTEROCELE, s. f. terme de Chirurgie, hernie ou tumeur occasionnée par la descente des intestins avec des eaux dans le scrotum. Voyez Hernie. Ce mot est composé d’ὕδωρ, eau ; ἔντερον, intestin ; & κήλη, tumeur.

C’est une maladie compliquée : l’hernie doit être réduite & contenue par un brayer, l’hydrocele doit être traitée à part : dans un cas pareil, s’il s’agissoit de faire la ponction avec le trocart, le chirurgien ne pourroit apporter trop d’attention pour

éviter la piqûre du sac herniaire & celle du testicule. Voyez Hydrocele. (Y)

HYDRIA, (Antiq.) vase percé de tous côtés, qui représentoit le dieu des eaux chez les anciens Egyptiens. Les prêtres le remplissoient d’eau à certains jours, l’ornoient avec magnificence, & le posoient ensuite sur une espece de théatre public : alors, dit Vitruve, tout le monde se prosternoit devant le vase, les mains élevées vers le ciel, & rendoit grace aux dieux des biens que cet élément leur procuroit ; mais cette cérémonie étoit nécessaire chez un peuple, dont l’eau coupée par une infinité de canaux faisoit la richesse, dont le Nil fertilisoit les terres, & dont Canope étoit un des principaux dieux. Voyez Canope. (D. J.)

HYDRIEPHORES, s. f. pl. (Antiq. greq.) ὑδριαφόραι, nom qu’on donnoit chez les Athéniens aux femmes des étrangers qui résidoient à Athènes ; on les appella de ce nom, comme étant obligées de porter des cruches d’eau dans la procession des Panathénées. Voyez Potter, Archæol. græc. t. I. p. 56. & 421. Ce mot est composé de ὕδωρ, eau, & φέρω, je porte. (D. J.)

HYDRINUS LAPIS, (Hist. nat.) quelques auteurs se sont servi de ce nom, pour désigner la pierre de serpent, ou l’ophite.

HYDROBELE, s. f. terme de Chirurgie, tuméfaction de la sur-peau du scrotum, causée par des humeurs aqueuses. C’est une œdeme des bourses qui rend la peau lisse & luisante ; l’impression du doigt reste sur la tumeur pour peu qu’on l’y appuie. La verge devient souvent œdémateuse par le progrès de l’infiltration, & alors elle représente une colone torse.

Cette maladie est assez familiere aux enfans nouveaux-nés, & elle cede ordinairement à l’application des remedes astringens ou discussifs. Les compresses trempées dans le vin rouge, chaud, dans lequel on a fait bouillir des roses de Provins : l’eau de chaux simple, ou animée d’un peu d’eau de-vie, suffisent pour résoudre la tumeur aqueuse superficielle du scrotum ; le cataplasme de têtes de poreaux cuites dans le vin blanc, est un remede éprouvé dans ces sortes de cas. Dans les adultes où l’hydrobele est un symptome & un accident de l’hydropisie ascite, ou une maladie essentielle causée par la difficulté du cours de sang dans des parties assez éloignées du grand torrent de la circulation, les remedes que nous venons d’indiquer ne suffisent pas ; il faut faire de légeres mouchetures à la sur-peau, pour procurer le dégorgement des parties tuméfiées ; on applique ensuite sur la partie des compresses trempées dans l’eau-de-vie camphrée tiede. Ces mouchetures doivent être faites avec art, pour prévenir la gangrene qui n’est que trop souvent la suite des scarifications faites sans méthode sur des parties œdémateuses. Voyez Œdeme & Moucheture. (Y)

HYDROCARDIE, s. f. terme de Chirurgie, employé par Fabrice de Hilden, fameux chirurgien, pour désigner l’épanchement d’une humeur séreuse, sanieuse ou purulente dans le péricarde : dans l’exactitude étymologique, l’hydrocardie est l’hydropisie du péricarde ; maladie dont M. Senac a parlé savament dans son Traité des maladies du cœur. Le péricarde est sujet à l’hydropisie ; cette maladie, suivant cet auteur, est fréquente, difficile à connoître, & plus difficile à guérir.

Les obstacles que trouve l’eau du péricarde à rentrer dans les voies de la circulation, seront les causes de l’hydropisie du péricarde. Les maladies du médiastin, du poumon & du cœur, sont des causes particulieres qui déterminent une plus abondante filtration de l’humeur du péricarde, & le défaut de résorbtion de cette humeur, soit par le dérangement qui arrive dans les pores absorbans,