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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/547

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s’étend depuis environ 21 ans jusqu’à 35 que commence la virilité.

Il suit donc de-là qu’en adoptant la distribution des tems de la vie, par septenaires d’années, comme l’ont fait la plûpart des auteurs qui ont traité de la division des âges, la jeunesse se trouve comprise dans le quatrieme & le cinquieme septenaires, après lesquels vient l’âge viril ou de consistence. Voyez Age, Vie, Economie animale.

Jeunesse. (Maladies de la.) Les changemens qui se font dans le corps humain, d’où résulte la différence des âges, établissent aussi des dispositions à différentes sortes de maladies : ainsi comme on a observé que les mouvemens des humeurs sont plus déterminés vers les parties supérieures, pendant la premiere moitié de la vie ; ce qui donne lieu, pendant le cours de l’enfance & de l’adolescence, au flux de sang, par le nez, qui sont souvent habituels, (voyez ), & à plusieurs autres sortes d’affections de la tête, dont il a été fait mention en traitant des maladies de l’enfance. Voyez Enfance & Enfant, (maladies des).

Les parties qui forment la tête ayant acquis les premieres la consistence, la solidité qui conviennent à leurs fonctions ; elles deviennent susceptibles de résister davantage aux efforts des fluides qui portent ensuite leurs effets sur celles qui étant les plus voisines de proche en proche, n’ont pas encore à proportion autant de ressort, de force systaltique : conséquemment les visceres de la poitrine deviennent plus sujets à être affectés, comme l’a très-judicieusement remarqué Hippocrate (aphor. 29. sect. 3.) & à éprouver des engorgemens ; d’où suivent des embarras inflammatoires, des dilatations forcées de vaisseaux, des solutions de continuité dans leurs parois, d’où se forment des angines, des pleurésies tant vraies que fausses, des fluxions de poitrine, des péripneumonies ou hémoptisies qui deviennent habituelles, & tous les effets qui peuvent s’ensuivre, tels que des toux d’abord peu fatigantes, ensuite seches & opiniatres ; des tubercules, des ulceres dans la substance des poumons, la phtysie enfin avec tous les accidens & les dangers qui l’accompagnent.

Sur ces différentes maladies, leur nature & leur traitement, voyez les articles de ce Dictionnaire qui leur sont propres, ainsi que ceux de Nature, Œconomie animale, Fluxion. Consultez aussi la dissertation de Hoffman, de ætatis mutatione, morborum causâ & remedio, où on trouve admirablement bien établies la théorie & la pratique de la Médecine, concernant les maladies propres à chaque âge, & la disposition à ce que certaines maladies puissent être guéries par les suites mêmes des changemens qui le caractérisent. Sthaal ainsi que son disciple Neuter, ont aussi traité très-utilement de tout ce qui a rapport au changement d’âge & aux effets qui en résultent dans l’œconomie animale.

JEVRASCHKA, s. m. (Hist. nat. Zool.) nom que les Russes donnent à un animal quadrupede qui est assez commun aux environs de la ville de Jakusk en Sibérie. Cet animal est une espece de marmotte, mais beaucoup plus petit que les marmottes ordinaires. Il y en a qui vivent sous terre, & leur demeure a une entrée & une sortie ; ils y dorment pendant tout l’hiver. D’autres sont toujours en mouvement, & vont chercher des grains ou des plantes pour se nourrir. Voici comme M. Gmelin décrit le jevraschka : sa tête est assez ronde ; son museau est très-court ; on n’apperçoit point ses oreilles ; il a tout au plus un pié de long ; sa queue qui n’a qu’environ 3 pouces de longueur, est garnie de poils fort longs ; elle est noirâtre, mêlée de jaune en dessus, & rougeâtre en-dessous ; son corps est renflé comme celui d’une souris : les poils en sont gris mêlés de jaune ; le

ventre est rougeâtre, & les pattes sont jaunâtres ; les pattes de derriere sont plus longues que celles de devant ; ces dernieres ont quatre ergots un peu crochus, & les premieres en ont cinq ; ils mordent très-fort, & ont un cri fort clair quand on leur fait du mal ; ils se tiennent sur leurs pattes de derriere, & mangent avec les pattes de devant comme les marmottes ; ils engendrent ordinairement en Avril, & ont de cinq à huit petits en Mai. C’est suivant M. Gmelin une marmotte en petit. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie.

JÉZIDE ou JÉZIDÉEN, s. m. (Théolog.) nom qui signifie hérétique chez les Mahométans. Voyez Hérétique. Dans ce sens jézidéen est opposé à musulman. Voyez Musulman. Lanclavius dit que ce nom vient d’un émir nommé Jézide qui tua les deux fils d’Ali, Hasan & Hussein, neveux de Mahomet par leur mere, & qui persécuta la postérité de ce prophete. Les Agaréniens dont il étoit émir ou prince, le regarderent comme un impie & un hérétique, & de-là vint la coutume d’appeller jézidéens les hérétiques.

Quelques-uns parlent des Jésides comme d’un peuple particulier qui parle une langue différente du turc & du persan, quoiqu’elle approche de la derniere. Ils disent qu’il y a deux sortes de Jésides, les blancs & les noirs. Les blancs n’ont point le collet de leurs chemises fendu ; il n’a qu’une ouverture ronde pour passer la tête, & cela en mémoire d’un cercle d’or & de lumiere descendu du ciel dans le cou de leur grand Scheik, ou chef de leurs sectes. Les Jésides noirs sont faquirs ou religieux. Voyez Faquir.

Les Turcs & les Jésides se haïssent fort les uns les autres ; & la plus grande injure que l’on puisse dire à un homme en Turquie, c’est de l’appeller jéside. Au contraire les Jézides aiment fort les Chrétiens, parce qu’ils sont persuadés que Jézide leur chef est Jesus-Christ, ou parce qu’une de leurs traditions porte que Jézide fit autrefois alliance avec les Chrétiens contre les Musulmans. Voyez Mahométisme.

Ils boivent du vin même avec excès, & mangent du porc. Ils ne reçoivent la circoncision que quand ils y sont forcés par les Turcs. Leur ignorance est extrème ; ils n’ont aucuns livres ; ils croient cependant à l’Evangile & aux livres sacrés des Juifs, sans les lire ni sans les avoir ; ils font des vœux & des pélerinages ; mais ils n’ont ni mosquées ni temples, ni oratoires, ni fêtes, ni cérémonies ; & tout leur culte se réduit à chanter des cantiques spirituels à l’honneur de Jesus-Christ, de la Vierge, de Moïse & de Mahomet. Quand ils prient ils se tournent du côté de l’orient à l’exemple des Chrétiens, au lieu que les Turcs regardent le midi ; ils croient qu’il se pourra faire que le diable rentre en grace avec Dieu, & ils le regardent comme l’exécuteur de la justice de Dieu dans l’autre monde. De-là vient qu’ils se font un point de religion de ne le point maudire, de peur qu’il ne se vange : aussi quand ils en parlent ils le nomment l’ange paon, ou celui que les ignorans maudissent.

Les Jézides noirs sont réputés saints, & il n’est pas permis de pleurer leur mort ; on s’en réjouit ; ils ne sont pour-tant la plûpart que des bergers. Il ne leur est pas permis de tuer eux-mêmes les animaux dont ils mangent la viande ; & ils laissent ce soin aux Jézides blancs. Les Jézides vont en troupe comme les Arabes, changent souvent de demeure, & habitent sous des pavillons noirs faits de poil de chevre, & entourés de gros roseaux & d’épines liés ensemble. Ils disposent leurs tentes en rond, & mettent leurs troupeaux au milieu. Ils achetent leurs femmes, dont le prix ordinaire est de deux cent écus, quelles qu’elles soient. Le divorce leur est permis, pourvû que ce soit pour se faire faquir. C’est un crime parmi