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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/591

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grand-aumônier ou chapelain est l’abbé de S. Maximin de Treves. Quoique les lois d’Allemagne n’admettent les femmes au gouvernement qu’au défaut des mâles, les Jurisconsultes s’accordent pourtant à dire que l’impératrice peut avoir la tutelle de ses enfans, & par conséquent gouverner pendant leur minorité.

La princesse qui regne aujourd’hui en Russie, porte le titre d’impératrice, qui est à présent reconnu par toutes les puissances de l’Europe ; ce titre a été substitué à celui de Czarine, & à celui d’Autocratrice de toutes les Russies, qu’on lui donnoit en Pologne & ailleurs.

* IMPERCEPTIBLE, adj. (Gramm.) il se dit au simple de tout ce qui échappe par sa petitesse à l’organe de la vûe ; & au figuré, de tout ce qui agit en nous & sur nous d’une maniere fugitive & secrette qui échappe quelquefois à notre examen le plus scrupuleux. Il y a, je ne dis pas des élémens des corps, des corps composés, des mixtes, des sur-composés, des tissus, mais des corps organisés, vivans, des animaux qui nous sont imperceptibles, & ces animaux qui se dérobent à nos yeux & à nos microscopes, sont peut-être une vermine qui les dévore, & ainsi de suite. Qui sait où s’arrête le progrès de la nature organisée & vivante ? Qui sait quelle est l’étendue de l’échelle selon laquelle l’organisation se simplifie ? Qui sait où aboutit le dernier terme de cette simplicité, où l’état de nature vivante cesse, & celui de nature brute commence ? Nous sommes quelquefois entraînés dans nos jugemens & dans nos goûts par des mouvemens de cœur & d’esprit qui, pour être très-imperceptibles, n’en sont pas moins puissans.

IMPERFECTION, s. f. (Gramm.) voyez Imparfait.

IMPERFORATION, s. f. (Chirurgie.) maladie chirurgicale qui consiste dans la clôture des organes qui doivent naturellement être ouverts. L’anus, le vagin, & l’urethre, sont les parties les plus sujettes à l’imperforation. Le défaut d’ouverture peut être accidentel à la suite des plaies, des ulceres ou des inflammations qui auront procuré l’adhérence des orifices de ces parties ; mais il est plus souvent un vice de premiere conformation.

M. Petit a donné des remarques sur les vices de conformation de l’anus, qui sont insérées dans le premier tome des Mém. de l’acad. royale de Chirurgie. L’auteur distingue les différens états de l’intestin fermé ; & d’après plusieurs observations, il indique les moyens qui conviennent pour en procurer l’ouverture. Le cas le plus épineux est lorsque la nature a, pour ainsi dire, oublié la partie du rectum qui doit former l’anus ; alors il n’y a aucune marque extérieure capable de diriger le chirurgien ; & il est certain qu’on ne peut réparer ce vice de conformation. Les enfans n’en meurent cependant pas tous ; car il est quelquefois possible de donner issue aux matieres fécales : M. Petit a imaginé à ce sujet un trocart dont la canule est fendue des deux côtés ; il est plus gros & plus court que les trocarts ordinaires. Voyez Trocart. Il faut souvent faire une incision entre les fesses, & porter le doigt dans cette incision pour tenter la découverte de l’anus, & pouvoir porter le trocart dans l’intestin. Si l’on a réussi, on peut aggrandir l’ouverture en introduisant une lancette ou un bistouri dans la fente de la canule : on ne risquera pas que la pointe de ces instrumens blesse aucune partie, parce qu’elle est toûjours cachée dans la canule dont elle garde le centre. Dans cette opération, le chirurgien doit tâcher de découvrir le centre du boyau qui doit former l’anus, & qui se présente ordinairement sous la forme d’une corde dure & compacte : car si l’on manque de passer

par l’enceinte du muscle sphincter, s’il y en a un, l’enfant guéri aura nécessairement pendant toute sa vie une issue involontaire de matieres ; ce qui est un mal plus fâcheux que la mort n’est à cet âge. Malgré ces inconvéniens, qui sont souvent inévitables, le chirurgien doit procurer à tout événement l’évacuation des matieres retenues ; ce qui est fort facile, lorsque, comme il arrive souvent, il ne se trouve qu’une membrane à percer, ou qu’il y a ouverture externe & vestige d’anus. Voyez le Mém. de M. Petit.

L’urethre n’est jamais imperforé qu’il n’y ait une ouverture fistuleuse par où les urines ont un cours libre ; c’est un fait prouvé par un grand nombre d’observations. Si l’ouverture qui donne passage à l’urine se trouve au periné ou à la verge, à une distance assez éloignée de l’extrémité du gland, il est impossible de réparer ce défaut, qui est un obstacle à la génération. Si l’ouverture étoit près du frein, on pourroit avec cet instrument convenable percer le gland jusqu’à l’urethre, & mettre une bougie dans cette ouverture : on pourroit ensuite, à l’aide d’une canule, empêcher les urines de passer par l’ancienne ouverture, dont il faudroit consumer les bords avec quelques caustiques, pour, après la chûte de l’escarre, réunir les parois de l’urethre. Cette opération a été pratiquée par le docteur Turner, chirurgien aggrégé au collége des Medecins de Londres. Voyez son traité des maladies de la peau.

Les femmes naissent souvent avec l’imperforation du vagin : cette maladie n’est pas si dangereuse que la clôture de l’anus ; les accidens qu’elle cause ne se manifestent que lorsque les regles surviennent. Fabrice d’Aquapendente, rapporte qu’une jeune fille qui s’étoit bien portée jusqu’à l’âge de 13 ans, commença à sentir des douleurs autour des lombes, & vers le bas du ventre, qui se communiquoient à la jointure de la hanche & aux cuisses ; les Medecins la traitoient comme si elle eût une goutte sciatique. Le corps s’exténua ; il survint une petite fiévre presque continue, avec dégoût, insomnie, & délire. Il se forma enfin une tumeur dure & douloureuse au bas du ventre, à la région de la matrice : on observa que tous ces accidens augmentoient régulierement tous les mois. L’auteur fut appellé à la derniere extrémité ; & ayant visité la malade, il fendit d’une simple incision la membrane hymen ; il sortit une grande quantité de sang épais, gluant, verdâtre, & puant, & à l’instant la malade fut délivrée comme par miracle de toutes ses incommodités.

Le docteur Turner rapporte un fait à-peu-près semblable ; une femme mariée, d’environ vingt ans, avoit le bas-ventre distendu comme si elle avoit été enceinte ; à l’examen des parties on trouva l’hymen sans aucune ouverture & débordant les grandes levres, comme si ç’eût été une chûte de matrice : il sortit par l’incision qu’on y fit quatre pintes de sang grumelé de couleurs & de consistances différentes, qui n’étoit que celui des regles supprimées. La malade guérit parfaitement & eut un enfant un an après. Son mari dit que les premieres approches leur avoient été fort douloureuses à l’un & à l’autre, mais qu’enfin il avoit trouvé un accès plus facile : Turner croit que c’étoit par l’orifice de l’urethre.

L’hymen sans être imperforé forme quelquefois une cloison qu’il est nécessaire d’inciser ; nous nous contenterons d’en rapporter l’exemple qui suit. Une femme de Hesse, au rapport de Mæcius & de Schenckius, n’avoit au lieu de la grandeur ordinaire de la vulve, qu’un trou à admettre une plume : elle voulut néanmoins se marier, & vécut dans cet état avec son mari (fort paisible sans doute sur l’article) pendant huit ans ; mais enfin il plaida pour le