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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/613

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alors il ajoutera dans la ligne ce qui sera oublié, ôtera ce qui sera doublé, & changera les lettres qui devront être changées avant de mettre la ligne dans la galée. Le compositeur n’oubliera pas non plus de baisser son mordant sur la copie à mesure qu’il compose, pour faire ensorte de ne rien oublier, & pour trouver du premier coup d’œil la ligne & le mot où il en est.

Quand il a composé le nombre de lignes qu’il faut pour former une page ou un paquet, & même une ligne de plus, qui est celle qui doit commencer la page suivante, & qu’il laisse dans le composteur pour se retrouver plus facilement sur la copie, il prend de la main droite une ficelle plus ou moins fine, suivant le corps du caractere, & coupée de longueur à pouvoir faire deux tours & demi ou trois tours autour de la page ; il en saisit un bout avec le pouce & le doigt index de la main gauche, pour le mettre au coin que forme le dernier mot de la derniere ligne de la page, & l’y maintient pendant que la main droite après avoir fait avec la ficelle un tour entier autour de la page, vient arrêter ce bout en passant par-dessus, serre la ficelle en appuyant contre le rebord de la galée, pendant que la main gauche maintient la page ; fait un second tour entier avec la ficelle au-dessous du premier, en la maintenant de même, & la serre encore, & vient l’arrêter en tête de la page, en passant par-dessous les tours la partie de la ficelle qui est avant l’autre bout, & la serrant dans le coin que forme le dernier mot de la premiere ligne. Quand la ficelle est plus longue, le compositeur fait un tour de plus ; quand elle ne l’est pas assez, il ne fera que deux tours, & l’arrêtera au bas de la page, au commencement de la derniere ligne. Il évitera de l’arrêter à côté de la page si le caractere est petit, à cause du vuide qui se fait en ce cas entre le côté de la page & la ficelle, & qu’il peut s’échapper quelques lettres. En quelque part qu’il l’arrête, il doit toujours faire en sorte qu’il en reste un bout long d’un pouce ou deux, & qu’en tirant ce bout, la ficelle puisse se dégager facilement.

Quand la page est liée, le compositeur la met au milieu de la galée, pour baisser la ficelle en tête & au commencement des lignes, un peu plus bas que la moitié du corps de la lettre, le rebord de la galée en ayant empêché. Si la page est d’un grand format, par exemple in-fol. ou in-4o. le compositeur la laisse sur la coulisse, & la met sur les planches qui sont sous son rang. Si la page est in-8o. in-12. in-18. &c. il leve de la main gauche le bout de la galée, pour donner la facilité à la main droite de saisir la page & de la soutenir, pendant que la main gauche, après avoir quitté la galée, prend un porte-page, & se présente les doigts étendus pour recevoir la page. Le compositeur reprend alors de la main droite la page soutenue sur le porte-page, (le porte-page est une feuille de papier pliée à peu-près du format de la page, qui sert à soutenir les pages liées, pour les transporter sans risque d’un endroit à l’autre), & la met dessous son rang. Il met ensuite la galée à sa place sur les petites capitales, prend son composteur dans lequel il trouve la premiere ligne de la seconde page, la met dans la galée, compose la seconde ligne & les suivantes, forme la seconde page, la lie avec une ficelle, & la met aussi soutenue sur un porte-page sous son rang à côté de la premiere. Quand la troisieme est faite, il la met sur la seconde, observant de mettre ensuite l’une sur l’autre, la quatre & la cinq, la six & la sept, la huit & la neuf, &c. jusqu’à la derniere, qui doit être seule, ou qu’on pose sur la premiere. Cet arrangement est nécessaire pour ne se point tromper dans l’imposition.

Imposition. Aussitôt que le compositeur a, soit de sa composition, soit de celle des autres compositeurs

qui travaillent avec lui sur le même ouvrage, le nombre de pages suffisant pour faire une feuille (voyez Mettre en page, & tous les mots marqués en lettres italiques) ; c’est-à-dire quatre pages pour un in-fol. huit pages pour un in-4o. seize pages pour un in-8o. vingt-quatre pages pour un in-12. &c. il doit imposer, c’est-à-dire partager en deux formes (voyez l’article Forme) les pages qui doivent entrer dans la feuille, une forme servant pour imprimer un côté du papier, & l’autre forme servant pour l’autre côté. Ces deux formes ont chacune un nom différent : l’une s’appelle le côté de la premiere, parce que la premiere page y entre ; l’autre s’appelle la deux & trois, ou le côté de la deux & trois, parce que la deuxieme & la troisieme pages y entrent.

Supposons donc que ce soit un in-8o. On choisit ce format comme étant plus compliqué que l’in-fol. & l’in-4°. & l’étant moins que l’in-12. l’in-18. &c. Voyez Imposition ; & aux Planches d’Imprimerie, les différentes especes d’impositions. Supposons que ce soit un in-8o. que le compositeur ait à imposer, & qu’il veuille commencer par la deux & trois : il laisse la premiere, & prend ensemble dessous son rang, de la main droite, la deux & la trois, qu’il met dans sa main gauche ; laisse la quatre & la cinq, & prend la six & la sept : il les apporte sur le marbre, ôte à chacune son porte-page, met la deux sous sa main droite, la trois sous sa main gauche, le bas de ces deux pages de son côté ; la six, tête contre tête au-dessus de la trois, & la sept, tête contre tête au-dessus de la deux, ensorte que les quatre coins de la forme se trouvent occupés. Il retourne ensuite à son rang : laisse la huit & la neuf, & prend la dix & la onze ; laisse la douze & la treize, & prend la quatorze & la quinze. Il vient au marbre, met la dix à côté de la sept, & la onze à côté de la six ; met la quatorze à côté de la trois, & la quinze à côté de la deux. Voilà les huit pages de la forme deux & trois rangées sur le marbre comme elles doivent être pour l’imposition. Le compositeur collationne les folio de ces huit pages, & en mouille les bords avec une éponge, pour éviter que les lettres ne tombent étant debout ; ce qui peut arriver sur-tout si le caractere est petit. Il pose d’abord son chassis, dont la barre du milieu étant du haut en bas, partage la forme en deux parties de quatre pages chacune. La partie du côté gauche du compositeur, s’appelle le premier coup ; la partie du côté droit s’appelle le second coup. Il place ensuite les bois de la garniture & les biseaux, qui se trouvent proportionnés au format & à la grandeur des pages, observant de ne point engager sous les bois le bout de la ficelle qui lie chaque page. Il serre un peu les pages entre les bois, & délie chaque page l’une après l’autre, en commençant par celles qui sont le plus près de la barre du milieu du chassis. Pour cela il prend de la main droite le bout de la ficelle d’une page, tire un peu pour dégager l’avant-bout de cette ficelle, en appuyant de la main gauche sur le bord de la page où il trouve quelque résistance, & prenant garde d’enlever aucune lettre, jusqu’à ce que la page soit entierement déliée. Il met cette ficelle à part, approche les bois de la page déliée autant qu’il est possible, & délie de même celle qui en est la plus proche ; ensuite il délie les pages qui sont dans le même côté du chassis, les serre dans les bois de garniture, en appuyant les doigts contre le dedans du chassis, & poussant les biseaux avec le pouce. Puis il redresse les lettres qui paroissent n’être pas droites, en frappant doucement avec le bout des doigts sur l’œil de la lettre, & parcourt des yeux toutes les extrémités des pages, pour voir s’il y a quelque lettre dérangée ; alors il la redresse avec la pointe, serre le côté de la forme avec les doigts le plus qu’il peut, & le garnit de coins. Ensuite il délie les pages de l’au-