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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/64

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HASSFURT, (Géog.) petite ville d’Allemagne, en Franconie, sur le Mayn, dans l’évêché de Wirtzbourg.

HASSIO, (Géog.) petite ville de Suede, dans la province de Medelpadio, à l’endroit où la riviere d’Indal se jette dans le golfe de Bothnio.

HASSLACH, (Géog.) petite ville d’Allemagne, en Souabe, dans la plaine de Kintzing.

Il y a aussi une riviere de ce nom en Franconie.

HASTAIRE, s. m. (Art militaire.) les hastaires étoient des soldats de légions qui furent substitués aux Vélites, quand on eut accordé le droit de bourgeoisie romaine à toute l’Italie. Les hastaires formoient une infanterie formidable, composée de frondeurs & de gens de traits, qui lançoient le dard & le javelot avec la main ; c’est de-là qu’ils furent nommés hastaires.

Ils étoient si pesamment armés, que nous avons bien de la peine à le comprendre. Outre un casque d’airain ou d’acier poli qu’ils portoient, ils avoient le corps revétu d’une cotte de maille, ou d’une cuirasse, soit de cuivre, soit de fer, faite par écailles, comme celles d’un poisson, & si artistement travaillée, qu’elle obéissoit à tous les mouvemens du corps ; les cuisses étoient couvertes de même, & les bras jusqu’au coude ; le devant des jambes étoit pareillement défendu par une espece de botine d’un cuir très-fort.

Polybe nous apprend que ceux qui ne possédoient que quinze cens livres de biens, portoient d’abord sur l’estomac un plastron d’airain, de douze doigts de grandeur en quarré, qui leur tenoit lieu de cuirasse ; mais dans la suite, ils furent armés comme les autres.

Indépendamment de cette armure, ils avoient un bouclier de quatre piés de haut, sur deux & demi de large, dont ce même auteur fait une description bien détaillée. Il dit que ce bouclier étoit composé de deux ais d’un bois de peuplier fort leger ; que ces deux ais étoient collés ensemble avec de la colle de taureau, & qu’ils étoient couverts d’une grosse toile collée de même avec un cuir de veau par dessus ; les bords étoient revêtus de fer, de même que le milieu qui s’élevoit en bosse, pour soûtenir les plus grands coups de pierres ou de traits.

Leurs armes offensives étoient l’épée espagnole ; ce sont les termes de Polybe, tranchante des deux côtés, également propre pour frapper d’estoc & de taille ; la lame de la pointe en étoit forte & roide ; ils portoient cette épée pendue à un baudrier au côté droit, & un poignard au côté gauche, avec deux traits longs de trois coudées, dont l’un étoit un javelot, & l’autre un dard, qu’on appelloit hasta, d’où ils avoient été nommés hastati, ou hastaires ; car ce mot de hasta ne peut être expliqué, que par celui de cette sorte d’arme qui étoit un dard qu’on lançoit, & non pas une pique.

Le bois de cette espece de dard qu’on lançoit étoit quarré aussi-bien que le fer qui étoit de la même longueur que le bois ; il ne coupoit que par la pointe ; c’est la différence qu’Appien met entre le dard & le javelot qu’il nous représente comme plus leger & plus foible ; mais tous les deux se lançoient également avec la main. (D. J.)

* HASTE, s. f. (hist. anc.) pique. Les Juifs en ont connu l’usage ; il y en avoit de deux sortes : toutes les deux à hampe garnies à son extrémité d’un fer pointu ; mais l’une à hampe courte ou manche, & l’autre à hampe longue. On pointoit avec la premiere ; on lançoit la seconde. Les cavaliers & les fantassins en étoient indistinctement armés ; les généraux d’armées, les officiers de distinction, & même les rois la portoient. Les Grecs ont eu pareillement la haste longue ; c’est leur enchos ; & la haste

courte, c’est leur doru. La longue avoit encore à son extrémité opposée à la pointe, un bout de fer aigu, au moyen duquel on la fichoit en terre. Les Eubéens étoient les plus redoutables à la haste longue, & les Locriens à la haste courte. Les piques longues & courtes étoient consacrées aux dieux, & l’on juroit sur elles ; on les enfermoit dans un étui en tems de paix ; on attribuoit chez les Romains l’invention de la pique aux Hétruriens qui la nommoient corini, & les Sabins quirini. Elle marquoit jurisdiction ; il y en avoit dans le lieu d’assemblée des centumvirs, & dans ceux où l’on mettoit à l’encan les biens confisqués ; d’où vient l’expression hastæ subjicere. Le nombre des différentes hastes romaines est grand ; la pesante qui se portoit au moyen d’une courroie passée sur sa hampe, s’appelloit amentata. Celle sous laquelle on affermoit les revenus publics, s’appelloit censoria ; la haste des séances des centumvirs, centumviralis ; la haste symbolique de l’union conjugale, cælibaris ; la haste à hampe rouge qui abandonnoit au pillage du soldat une ville prise, cruenta ; celle qu’on voyoit aux environs des tribunaux des decemvirs, decemviralis ; celle que le héraut lançoit sur le territoire ennemi, en signe de déclaration de guerre, fecialis ; elle étoit rouge : la haste sous laquelle on vendoit quelque chose au profit du fisc, fiscalis ; celle sous laquelle dans les tems de disette on distribuoit aux peuples des denrées à un prix modéré, frumentaria, ou salutis ; celle qui marquoit la dignité & la puissance prétorienne, prætorialis ; la haste pure, hasta pura, fut décernée aux soldats qui s’étoient distingués par leur bravoure ; la haste questorienne, quæstoria, se plantoit dans les occasions où le peuple apportoit au trésor public sa taxe ; la haste sacrée, sacra, étoit celle qu’on voyoit à quelques divinités ; si elle s’agitoit, c’étoit un mauvais présage. Toutes ces hastes ont passé de l’histoire dans l’art numismatique, sur-tout l’hasta pura, qui n’étoit, à proprement parler, que le bois d’une javeline, attribut de la puissance de quelques divinités, & marque d’une bravoure récompensée.

HASTER, s. m. (Commerce.) mesure de continence dont on se sert en quelques endroits des Pays-Bas Autrichiens, particulierement à Gand & dans tout son district.

Le haster de Gand contient trente septiers de Paris, moins un cinquante-sixieme. Dictionnaire de Commerce. (G)

HASTINGS, (Géog.) ancienne ville maritime d’Anglerre dans le Sussex, l’un des cinq anciens ports dont les députés au Parlement sont appellés les barons des cinq ports, quoiqu’il y en ait huit aujourd’hui.

Ce lieu est bien mémorable par deux sanglantes batailles, qui ont alternativement changé la face de la Grande-Bretagne. La premiere, est la fameuse bataille d’Hastings, que Guillaume duc de Normandie livra le 14 Octobre 1066, qui dura douze heures, & qui décida du sort de l’Angleterre entre ses mains ; Harold roi d’Angleterre, & deux de ses freres, y furent tués. La seconde bataille se donna l’an 1263, entre Henri III. & les barons du royaume, en faveur desquels la victoire se déclara. Hastings est à environ 50 milles S. O. de Londres. Long. 18. 12. lat. 50. 44. (D. J.)

* HATE, s. f. (Grammaire.) voyez Hater.

Hate, (Commerce.) mesure d’espace ; la hate de pré dans les provinces où ce mot est d’usage, est de trente pas. Ce mot vient de hasta, ou du bâton qui servoit à les mesurer.

HATELETTES, s. f. pl. (art Culinaire.) nouveau mets du génie de nos cuisiniers, qui lui ont donné ce nom tiré de petites broches de bois appellées hatelettes, diminutif de hâte, hasta, piece de bois longue, & arrondie en forme de lance.