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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/653

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ver que l’inclinaison des orbites des planetes n’est point l’effet du hasard, & qu’elle doit nécessairement avoir une cause méchanique : voici à peu près le précis de son raisonnement ; il remarque que les planetes ne s’éloignent pas beaucoup de l’écliptique, & que l’orbite de Mercure, qui est celle qui s’en éloigne le plus, ne fait qu’un angle d’environ sept degrés avec l’écliptique ; desorte que les orbites des planetes n’occupent sur la sphere du monde qu’une zone de la largeur d’environ sept degrés. Il calcule ensuite combien il y a à parier que sept corps jettés au hazard sur la surface d’une sphere y seront disposés dans une zone plus grande que sept degrés, & il trouve qu’il y a 1419856 à parier contre 1, qu’elles n’iroient pas toutes vers le même côté du ciel entre des limites si étroites ; d’où il conclut que cette inclinaison a nécessairement une cause. Mais 1°. ne pourroit-on pas répondre que les cometes, qui sont des planetes véritables, ont des orbites fort élevées au-dessus du plan de l’écliptique, & qu’ainsi sur le nombre de toutes les planetes, qui est peut être très grand, il n’est pas surprenant qu’il y en ait sept qui soient à peu près dans le plan de l’écliptique ? 2°. Ne pourroit-on pas croire que le calcul des lois du sort ne doit pas s’appliquer ici ? En effet, quand on calcule quelque chose par ces lois, il s’agit toujours d’un effet qui n’est point encore arrivé ; & comme tous les effets sont également possibles, on détermine aisément qu’il y a tant à parier qu’un effet déterminé n’arrivera pas. Mais quand une fois l’effet est arrivé, il est alors inutile de se servir des lois du sort pour savoir combien il y avoit à parier qu’il n’arriveroit pas ; car tous les effets sont également possibles, comme nous l’avons déja dit, & il faut bien qu’il en arrive quelqu’un ; desorte qu’il n’est pas extraordinaire que tel effet arrive plutôt que tel autre. Par exemple, si deux personnes jouent ensemble avec deux dez, il y a 35 à parier contre 1, qu’un des joueurs n’amenera pas deux 6 à la fois, mais il y a de même 35 à parier contre 1, qu’il n’amenera pas deux autres nombres quelconques ; par exemple, 3 avec le dez A & 4 avec le dez B ; par conséquent si le joueur dont il s’agit amene par hazard deux 6, cela n’est pas plus singulier que s’il amenoit 3 avec le dez A & 4 avec le dez B. Nous avons cru devoir nous étendre un peu là-dessus, parce qu’il nous paroît que le calcul des lois du sort pourroit donner souvent lieu à des raisonnemens de cette espece qui ne seroient pas concluans, ou qui s’ils l’étoient, donneroient lieu à des doutes très-fondés sur la maniere dont on calcule les lois du sort. Voyez l’article Jeu. De quelque maniere que les planetes soient disposées, il y avoit avant la création, l’infini contre 1 à parier qu’elles ne le seroient pas ainsi, parce qu’il y avoit une infinité d’autres manieres de les disposer ; mais je ne vois pas qu’on en puisse conclure que leur disposition présente est plutôt qu’une autre, l’effet d’une cause méchanique.

Inclinaison d’un plan, en terme de Gnomonique, est l’arc d’un cercle vertical compris entre le plan & l’horison.

Pour trouver cette inclinaison, prenez d’abord une équerre garnie d’un fil à plomb, & appliquez sur votre plan un des côtés de cette équerre, de maniere que le fil à plomb s’ajuste sur l’autre côté, alors le côté de l’équerre appliqué sur le plan sera de niveau ; menez le long de celui-ci une ligne horisontale, & élevez sur elle une perpendiculaire, le long de laquelle vous appliquerez de nouveau un côté de votre équerre ; si le fil à plomb tombe sur l’autre côté de cette équerre, c’est une preuve que le plan est horisontal. Si votre fil ne tombe point sur l’autre côté de votre équerre, appliquez sur cette équerre un quart de ce cercle, dont les côtés s’ajustent sur les

côtés de l’équerre, & observez sur le quart de cercle quel est l’angle que fait le fil à plomb avec le côté de l’équerre qui n’est point appliqué sur le plan ; ce sera l’angle d’inclinaison du plan.

L’inclinaison de deux plans est l’angle aigu que forment les deux lignes droites tirées dans chaque plan par un même point de leur commune section, perpendiculairement à cette section commune.

Ainsi (Pl. géométr. fig. 98.) l’inclinaison du plan KEGL au plan ACDB est l’angle FHI ou fhi formé par les lignes droites HF & FI, perpendiculaires à la ligne de section EG au point F. Chambers. (O)

INCLINATION, s. f. (Philosophie morale.) penchant, disposition de l’ame à une chose par goût & par préférence.

Les inclinations sont une pente de la volonté, qui l’entraîne vers certains objets plutôt que vers d’autres, mais d’une maniere assez égale & assez tranquille pour ne pas troubler ses opérations, & même pour les faciliter d’ordinaire.

Les inclinations naissent du méchanisme particulier de nos organes, qui dépend de la conformation primitive des sens, & qui nous porte à nous procurer la jouissance de certaines choses que nous envisageons comme une source de félicité ; tel est le goût naturel que les uns ont pour la musique, d’autres pour l’étude, &c.

Les inclinations different des appétits que la nature a établis dans tous les hommes, tels que la faim & la soif, lesquels appétits ne tendent qu’à notre conservation, & cessent lorsqu’on a satisfait les besoins corporels ; au lieu que les inclinations ont pour objet le bonheur de l’ame, qui a sa source dans les sensations agréables, & dans la continuation de ces sensations.

Les inclinations different aussi des passions qui consistent dans des affections violentes, actuelles & habituelles ; car les inclinations existent avant même que nous ayons été affectés par les sensations & perceptions qu’elles nous rendent agréables ou desagréables.

Enfin, les inclinations different de l’instinct qui tient lieu dans les animaux de connoissance, d’expérience, de raisonnement & d’art, pour leur utilité & pour leur conservation. Voyez Instinct. (D. J.)

Inclination, Penchant, (Gram. synon.) L’inclination s’acquiert, le penchant est inné ; le penchant est violent, l’inclination est douce. On suit son inclination ; le penchant entraîne. Ils se prennent l’un & l’autre en bonne & en mauvaise part ; on a des penchans honnêtes, & des inclinations droites, & des inclinations perverses, & des penchans honteux.

Inclination, (Chimie & Pharmacie.) l’action d’incliner doucement un vaisseau, pour en faire couler une liqueur. Voyez Décanter.

INCLINÉ, adj. plan incliné en termes de Méchanique, est celui qui fait un angle oblique avec l’horison.

Il est démontré qu’un corps, tel que D (Pl. Méc. fig. 58.), qui est appuyé sur un plan incliné, perd toujours une partie de sa pesanteur ; & que la puissance ou force L nécéssaire pour le soutenir dans une direction AC parallele au plan, est à la pesanteur de D, comme la hauteur BA du plan est à sa longueur CA. Cette proposition se démontre aisément en décomposant l’effort absolu de la pesanteur du corps D, suivant QF en deux efforts QG, QE, dont l’un QG est détruit par la résistance du plan auquel il est perpendiculaire ; & l’autre QE, parallele au plan, est à l’effort total, comme QE est à QF, c’est-à-dire, comme AB est à AC, à cause des triangles semblables E Q F, A B C ; d’où il suit que l’inclinaison du plan peut être si petite, qu’il ne faille qu’une force extrémement petite pour soutenir dessus un poids considérable.