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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/899

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quel les journaux des Savans & de Trévoux se trouvent combinés ; la Bibliotheque impartiale ; les Memoires littéraires de la Grande-Bretagne, par M. de la Roche, & la Bibliotheque angloise, qui se bornent aux livres anglois. Ces journaux interrompus ont été repris sous le titre de Journal britannique, par M. de Maty, & se continuent actuellement sous le même titre, par M. de Mauve. M. de Joncourt fait actuellement un journal françois, dans lequel il rend compte des livres nouveaux d’Angleterre, sous le titre de Nouvelle bibliotheque angloise.

Les journaux anglois anciens sont, the history of the Works of the Learned, qui commença à Londies en 1699. Censura temporum, en 1708 : en 1710 il en parut deux nouveaux ; l’un sous le titre de Memoires de Littérature, c’étoit une feuille volante, qui ne contenoit qu’une traduction angloise de quelques articles des journaux étrangers ; l’autre étoit in 4°. en quatre ou cinq feuilles. C’est un recueil de pieces sugitives, intitulé Bibliotheca curiosa, ou à Miscellany. L’on doit encore mettre au rang des journaux anglois le Gentleman’s magazine, l’état actuel de la Grande Bretagne, &c.

Les journaux italiens sont celui de l’abbé Nazati, qui a duré depuis 1668 jusqu’en 1681 ; il s’imprimoit à Rome. Celui de Venise commença en 1671, & finit en même tems que celui de Rome. Les auteurs étoient Pierre Moretti, & François Miletti : le journal de Parme, par le P. Gaudence Roberti & le P. Benoît Bauhini, tomba en 1690, & on le reprit en 1692. Le journal de Ferrare, entrepris par l’abbé de la Torre, commença & finit en 1691. La Galeria di Minerva, commencée en 1696, est l’ouvrage d’une société de gens de Lettres : M. Apostolo Zeno, secrétaire de cette société, commença un autre journal en 1710, sous les auspices du grandduc ; il s’imprimoit à Venise, & plusieurs personnes de distinction y avoient part : les Fasti eruditi della bibliotheca volante, se faisoient à Parme : depuis il a paru en Italie le Giornale dei Letterati.

Le premier des journaux latins est celui de Leipsic, qui a commencé en 1682 sous le titre d’Acta eruditorum : cet ouvrage s’est continué sans interruption jusqu’à présent.

A Parme, les Nova litteraria maris Balthici ont duré depuis 1698, jusqu’en 1708. Les Nova litteraria Germaniæ, recueillies à Hambourg, ont commencé en 1703. Les Acta litteraria ex manuscriptis, & la Bibliotheca curiosa commencée en 1705, & finie en 1707, sont de M. Struvius ; M. Kuster & Sike commencerent en 1697, & firent pendant deux ans la bibliotheque des livres nouveaux. Depuis ce tems on a eu plusieurs journaux latins ; tels sont entr’autres les Commentarii de rebus in scientia naturali & Medecina gestis, par M. Ludwig.

Le Journal suisse appellé Nova litteraria Helvetiæ, commença en 1702 ; il est de M. Scheuchzer ; & les Acta medica hafnensia, de Thomas Bartholin, qui font cinq volumes depuis 1671, jusqu’en 1679.

Il y a un journal hollandois, sous le titre de Boeksaal van Europa. Il fut commencé en 1692 par Pierre Rabbus, à Rotterdam, & repris depuis 1702 jusqu’en 1708 ; il se continue jusqu’à ce jour : on doit y joindre les mémoires de la société littéraire de Harlem.

L’Allemagne a une foule innombrable d’ouvrages périodiques & de journaux en tout genre. Les principaux qui se font actuellement en langue allemande sont, le Magasin d’Hambourg, commencé en 1748, & qui se continue. Les Physicalische belustigungen, ou Amusemens physiques, commencés à Berlin en 1751. Selecta physico œconomica qui se font à Stutgard. Il se fait de plus une infinité de gazettes & de journaux littéraires, économiques, &c. en

Saxe, dans la Silésie, dans le Brandebourg, dans la basse-Allemagne, &c. Cependant plusieurs de ces ouvrages périodiques ne sont pas des vrais journaux, mais des collections de mémoires, auxquels on a quelquefois joint des extraits de quelques livres nouveaux. Il paroît en Suede un journal, sous le titre de Magasin de Stockholm.

Nous avons maintenant en France une foule de journaux ; on a trouvé qu’il étoit plus facile de rendre compte d’un bon livre que d’écrire une bonne ligne, & beaucoup d’esprits stériles se sont tournés de ce côté. Nous avons eu les feuilles périodiques de l’abbé Defontaines, elles ont été continuées par M. Fréron & par M. l’abbé de la Porte : ces deux collegues se sont séparés, & l’un travaille aujourd’hui sous le titre de l’Année littéraire, & l’autre sous le titre d’Observateur littéraire. Nous avons des Annales typographiques ; un Journal étranger ; un Journal encyclopédique qui se fait & s’imprime à Liege ; un Journal chrétien ; un Journal économique ; un Journal pour les dames ; un Journal villageois ; une Feuille nècessaire, une Semaine littéraire, &c. que sais-je encore ?

C’est-là que les gens du monde vont puiser les lumieres sublimes, d’après lesquelles ils jugent les productions en tout genre. Quelques-uns de ces journalistes donnent aussi le ton à la province : on achete ou on laisse un livre d’après le bien ou le mal qu’ils en disent ; moyen sûr d’avoir dans sa bibliotheque presque tous les mauvais livres qui ont paru, & qu’ils ont loués, & de n’en avoir aucun des bons qu’ils ont déchirés.

Il seroit plus sûr de se conduire par une regle contraire, & de prendre tout ce qu’ils déprisent, & de rejetter tout ce qu’ils relevent. Il faut cependant excepter de cette regle le petit nombre de ces journalistes qui jugent avec candeur, & qui ne cherchent point comme d’autres à intéresser le public par la malignité & par la fureur avec laquelle ils avilissent & déchirent les auteurs & les ouvrages estimables.

Journal, (Marine.) c’est un registre que le pilote est obligé de tenir, sur lequel il marque régulierement chaque jour les vents qui ont regné, le chemin qu’a fait le vaisseau, la latitude observée ou estimée, & la longitude arrivée à la déclinaison de la boussole, les profondeurs d’eau & les fonds où il a sondé & mouillé ; en un mot toutes les remarques qui peuvent intéresser la navigation. Par l’ordonnance de la Marine de 1689, le capitaine commandant un vaisseau de roi, est obligé de tenir un journal exact de sa route.

Ces Journaux au retour de chaque campagne sont remis au dépôt des cartes & plans de la marine ; & les observations & remarques qui s’y trouvent, servent à la perfection de l’Hydrographie & à la construction des cartes marines. (Z)

* JOURNALISTE, s. m. (Littérat.) auteur qui s’occupe à publier des extraits & des jugemens des ouvrages de Littérature, de Sciences & d’Arts, à mesure qu’ils paroissent ; d’où l’on voit qu’un homme de cette espece ne feroit jamais rien si les autres se reposoient. Il ne seroit pourtant pas sans mérite, s’il avoit les talens nécessaires pour la tâche qu’il s’est imposée. Il auroit à cœur les progrès de l’esprit humain ; il aimeroit la vérité, & rapporteroit tout à ces deux objets.

Un journal embrasse une si grande variété de matieres, qu’il est impossible qu’un seul homme fasse un médiocre journal. On n’est point à la fois grand géometre, grand orateur, grand poëte, grand historien, grand philosophe : on n’a point l’érudition universelle.

Un journal doit être l’ouvrage d’une société de savans ; sans quoi on y remarquera en tout genre les