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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/213

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l’on fait le laitage. Il faut qu’il soit voisin de la cuisine, ait un côté frais & non exposé au soleil, vouté s’il se peut, assez spatieux, & sur-tout tenu avec beaucoup de propreté ; il faut qu’il y ait des ais, des terrines, des pots de différentes grandeurs, des baquets, des barattes, des claies, des éclisses ou chazerets, des caserons ou cornes, des moules, des cuilleres, des couloires, des cages d’osier, & en confier le soin à une servante entendue & amie de la netteté. Voyez nos pl. d’Agr. & Econ. rust.

LAITIER, s. m. (Métallurg.) matiere écumeuse qui sort du fourneau où l’on fait fondre la mine. Cette matiere vient non-seulement de la mine, mais encore plus de la castine qu’on met avec la mine, pour en faciliter la fusion ; c’est ainsi qu’on met du borax pour fondre l’or, & du salpêtre pour fondre l’argent ; comme dans la fonte du fer les laitiers emportent toujours des portions de ce métal, les forgerons ont soin de les piler avec une machine faite exprès, qu’on appelle bocard, afin d’en tirer le fer qu’ils ont charrié avec eux. Dict. de Trév. de Chambers, &c. Voyez l’article Forge. (D. J.)

LAITIERE, s. f. (Econom. rustiq.) femme qui vend du laitage. Il se dit de la vache qui donne beaucoup de lait, & même de la femme qui est bonne nourrice.

* LAITON, s. m. (Métallurgie.) le laiton est un alliage d’une certaine quantité de pierre calaminaire, de cuivre de rosette, & de vieux cuivre ou mitraille. Voyez les articles Calamine, Cuivre, & Alliage.

Nous allons expliquer la maniere dont on procede à cet alliage : pour cet effet nous diviserons cet article en quatre sections. Dans la premiere, nous parlerons de l’exploitation de la calamine. Dans la seconde, de la préparation & de l’emploi de cette substance. Dans la troisieme, de la fonderie. Dans la quatrieme, des batteries & de la trifilerie.

Nous ignorons si ces travaux s’exécutent par-tout de la même maniere. On peut consulter là-dessus l’ouvrage de Schwendenborg qui a écrit très au long sur le cuivre. Nous nous contenterons de détailler ce qui concerne la calamine, d’après les manœuvres en usage dans la montagne de Lembourg ; & ce qui concerne les procédés sur le laiton, d’après les usines & les fonderies de Namur.

Sect. I. De l’exploitation de la calamine. On trouve de la pierre calaminaire à trois lieues de Namur ; à une demi-lieue de la Meuse, sur la rive gauche, aux environs des petits villages de Landenne, Vilaine, & Haimonet, tous les trois de la même jurisdiction. Haimonet situé sur une hauteur en fournit à une profondeur médiocre ; on n’y emploie par conséquent aucune machine à épuiser ; elle n’est point inférieure en qualité à celle des autres villages ; la mine en est seulement moins abondante. Il en est de même de celle de Terme au Griffe, lieu situé sur une autre montagne, à la rive droite de la Meuse.

L’exploitation de la calamine ne differe pas de celle du charbon-de-terre. Voyez Charbon-de-terre. Elle se fait par des puits qu’on appelle butes ; les bures ont d’ouverture depuis douze jusqu’à seize piés en quarré ; on soutient les terres par des assemblages de charpente, & l’on descend jusqu’à ce qu’on rencontre une bonne veine. Là, à mesure que l’on enleve le minerai, on pratique des galeries sous lesquelles on travaille en sureté, par le soin qu’on a de soutenir les terres avec des chassis. A mesure qu’on exploite, on rejette les déblais de la galerie d’où l’on tire, dans les galeries d’où l’on n’a plus rien à tirer ; observant d’enlever les chassis à mesure qu’on fait le remblai. Voyez les articles Chassis,

Déblai, Remblai, & Bures.

On commence ordinairement l’ouverture d’une mine par deux bures. L’un sert à l’établissement des pompes à épuisement ; on le tient toûjours plus profond que l’autre qui sert à tirer & à monter le minerai. On en pratique encore de voisins qui servent à donner de l’air, lorsque les galeries s’éloignent trop du grand bure. On appelle ceux-ci bures d’airage : quelquefois on partage la profondeur du grand bure en deux espaces ; dans l’un, on établit les pompes ; c’est par l’autre qu’on monte & descend : alors les bures d’airage sont indispensables ; presque tous les grands bures de la calamine sont dans ce dernier cas. Lorsque les eaux abondent & menacent ou incommodent les ouvriers, on approfondit le bure, & l’on y pratique un canal que les gens du pays appellent une arène. L’arène part du grand bure, & se conduit en remontant jusqu’à la rencontre de la galerie qu’on veut dessécher. Il y a dans les galeries, qu’on appelle aussi charges, d’autres conduits par lesquels les eaux vont se perdre : on nomme ces conduits égoutoirs ou égougeoirs.

Lorsque nous écrivions ce memoire, le grand bure avoit en profondeur 43 toises du pays, ou trente-neuf toises un pouce six lignes de France ; il y avoit plusieurs bures d’airage, une plombiere ou fosse d’où l’on exploitoit du plomb ; cette fosse étoit poussée à trente-cinq toises. Le bure de la calamine & la plombiere avoient chacun leurs machines à épuisement ; ces machines étoient composées l’une & l’autre d’une grande roue de 45 piés de diametre ; cette route étoit enterrée de 19 piés, & contenue entre deux murs de maçonnerie qui la soutenoient à six piés au-dessus de la surface du terrein. Elle étoit garnie au centre d’une manivelle qui faisoit mouvoir des balanciers de renvoi, à l’extrémité desquels étoient les pompes établies dans le bure. C’étoit la machine de Marli simplifiée : des courans dirigés sur ses aubes la mettoient en mouvement ; on ménageoit l’eau par des beuses, comme on le pratique dans les grosses forges. Voyez cet article. On avoit encore conduit à mi-roue, par d’autres beuses souterraines, les eaux élevées de la mine. On avoit trouvé par ce moyen, l’art de multiplier les forces dont on a besoin pour accélérer le mouvement de ces grandes machines.

L’observateur qui jettera un œil attentif sur une mine en exploitation, verra des rochers coupés d’un côté, des mines travaillées, des déblais ; de l’autre des remblais, des mines où l’on travaille, des caves ou mines submergées, plusieurs galeries élevées les unes sur les autres, rarement dans un même plan, des sables & autres substances fossiles.

Le terrein produit à sa surface toutes sortes de grains ; les environs des mines dont il s’agit ici, sont couverts de genievre ; les eaux de la mine n’ont aucun goût dominant ; elles sont legeres ; le maître fondeur donne au propriétaire du sol tant par poids de mine exploitée. Lorsque nous y étions, le prix convenu étoit de cinquante-six sols de change, ou de 5 liv. 3 s. 4 d. argent de France, pour 15000 pesant de calamine ; auparavant on donnoit la dixieme charretée.

La calamine est dans ces mines très-poreuse ; calcinée ou non calcinée, l’action de l’air l’altere. Si on la tire d’un magasin sec & qu’on l’expose dehors, elle augmente considérablement de poids : sa couleur est d’un jaune pâle, en tirant quelquefois sur le rouge & le blanc ; elle est souvent mélée de mine de plomb. Il y a des mines qui sont d’autant meilleures, que les filons s’enfoncent davantage. Cette loi n’est pas applicable à la calamine : celle que l’on tire à 8 ou 10 toises est aussi parfaite que celle qu’on va chercher à 45 ou 50. La calamine calcinée en