Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

drique, de même que les calices des semences ; ce qui fait la plus grande différence qu’il y ait entre la leche & le carex. Micheli, Nov. plant. gen. Voyez Plante.

Leche, s. m. (Commerce.) c’est une espece de verni de lie que l’on donne en Amérique, mais surtout au Mexique, aux piastres que les Espagnols y fabriquent. Voyez l’art. Lecheum. Cette variété tantôt de nomenclature, tantôt d’orthographe, doivent occasionner dans un ouvrage de l’étendue de celui-ci, des redites, contre lesquelles il est difficile d’être en garde ; d’ailleurs il vaut mieux redire qu’omettre.

LECHEFRITE, s. f. (Cuisine.) ustensile ou espece de vaisseau plat de tôle ou fer battu, oblong, à pié ou sans pié, à une ou plusieurs mains ou poignées, & terminé par l’une & l’autre de ses extrémités par une goulette, ou un bec qui sert à verser la graisse & le jus qu’il reçoit des pieces qu’on fait rôtir, & sous lesquels il y a toujours une lechefrite.

LECHEUM, on pourroit dire en françois LÉCHÉE, (Géogr. anc.) port sur le golfe de Corinthe, servant de port à la ville même de Corinthe. Tous les anciens, Polybe, Strabon, Pausanias, Ptololomée, & autres en font mention. Corinthe quoique située entre deux mers (ce qui fait dire à Horace bimaris Corinthi), n’étoit pourtant sur le bord ni de l’une ni de l’autre, mais elle avoit de chaque côte un lieu qui lui servoit de port, savoir Cenchrées au levant, & Lechæum au couchant ; c’est présentement Lesteiocori. (D. J.)

LECHER, verbe act. (Gram.) c’est polir, nettoyer, sucer avec la langue. L’ours leche son petit ; l’auteur son ouvrage. On n’aime pas les peintures léchées. Voyez Lecher, Peinture.

Lécher en Peinture, c’est finir extrémement les tableaux, mais d’une façon froide & insipide ; & où l’on connoît par-tout la peine que cela a coûté au peintre. Bien terminer ses ouvrages, est une bonne qualité ; les lécher est un vice. Ce peintre leche trop ses ouvrages ; cet ouvrage n’a point d’ame ; il est trop léché.

LECHI, (Géog. sacr.) c’étoit une ville de la tribu de Dan dans la Terre-sainte, & ce n’est aujourd’hui qu’un misérable village ; mais l’on recueille dans le territoire voisin beaucoup de coton, de dattes & d’olives, au rapport du P. Roger, Aquila, Symmaque & Glycas nomment Léchi, en grec σιαγον.

LECHO, s. m. (Monnoie.) on nomme ainsi dans le monnoyage de l’Amérique espagnole, particulierement au Mexique, une espece de couche de vernis de lie que l’on donne à certaines piastres qui s’y fabriquent, afin de les rendre d’un plus bel œil. Cependant ce vernis fait qu’on préfere dans le commerce les piastres dites colonnes à celles qu’on appelle mexicaines, non pas que les piastres colonnes ainsi nommées, parce qu’elles portent pour revers les colonnes d’Hercule, avec la fameuse devise du nec plus ultrà ; non pas, dis-je, que ces dernieres piastres soient d’un titre plus fin que les méxicaines, mais à cause de leur lécho, qui à la refonte laisse un déchet de près d’un pour cent.

LECK, Le, en flamand de LECK, & LYCIAS dans Ptolomée, (Géog.) riviere des Pays-bas. A proprement parler, c’est moins une riviere qu’un bras du Rhin. Cluvier, de tribus Rheni alveis, c. vj. remarque que le nouveau canal dans lequel Civilis fit couler le Rhin, est présentement le Leck, Lecca, qui passant à Culembourg, à Viane, à Schoonhove, se perd dans la Meuse près du village de Krimpen. M. Corneille a confondu le Leck avec la fosse de Corbulon, fossa Corbulonis. Un diplome de Charlemagne en 776, nomme le Leck Lockia. Heda dit dans la chronique de Hollande, que ce fut en 841 que

l’on releva ses bords de fortes digues. (D. J.)

LECHONA-GEEZ, (Hist. mod.) ce mot signifie langue savante. Les Ethiopiens & les Abissins s’en servent pour désigner la langue dans laquelle sont écrits leurs livres sacrés ; elle n’est point entendue par le peuple, étant reservée aux seuls prêtres, qui souvent ne l’entendent pas mieux que les autres. On croit que cette langue est l’ancien éthiopien ; le roi s’en sert dans ses édits : elle a dit-on, beaucoup d’affinité avec l’hébreu & le syriaque.

LECHT, s. m. (Comm. & Mar.) mesure fort en usage sur les mers du nord : elle contient douze barrils.

LEÇON, s. f. (Gram. Mor.) c’est l’action d’instruire. Les maîtres de la jeunesse en s’écartant trop de la maniere dont la nature nous instruit, donnent des leçons qui fatiguent l’entendement & la mémoire sans les enrichir & sans les perfectionner.

Les leçons, la plupart ne sont qu’un assemblage de mots & de raisonnemens, & les mots sur quelque matiere que ce soit, ne nous rendent qu’imparfaitement les idées des choses. L’écriture hiérogliphique des anciens egyptiens étoit beaucoup plus propre à enrichir promptement l’esprit de connoissances réelles, que nos signes de convention. Il faudroit traiter l’homme comme un être organisé & sensible ; & se souvenir que c’est par ses organes qu’il reçoit ses idées, & que le sentiment seul les fixe dans sa mémoire. En Métaphysique, Morale, Politique, principes des Arts, &c. il faut que le fait ou l’exemple suive la leçon, si vous voulez rendre la leçon utile. On formeroit mieux la raison en faisant observer la liaison naturelle des choses & des idées, qu’en donnant l’habitude de faire des argumens ; il faut mêler l’Histoire naturelle & civile, la Fable, les emblemes, les allégories, à ce qu’il peut y avoir d’abstrait dans les leçons qu’on donne à la jeunesse ; on pourroit imaginer d’exécuter une suite de tableaux, dont l’ensemble instruiroit des devoirs des citoyens, &c.

Quand les abstractions deviennent nécessaires, & que le maître n’a pu parler aux sens & à l’imagination pour insinuer & pour graver un précepte important, il devroit le lier dans l’esprit de son éleve à un sentiment de peine ou de plaisir, & le fixer ainsi dans sa mémoire ; enfin dans toutes les instruction, il faudroit avoir plus d’égard qu’on n’en a eu jusqu’à présent au méchanisme de l’homme.

Leçon, (Théol.) dans la Bible, les peres & les auteurs ecclésiastiques sont les termes différens dans lesquels le texte d’un même auteur est rendu dans différens manuscrits anciens ; différences qui viennent pour l’ordinaire de l’altération que le tems y a apportée, ou de l’ignorance des copistes. V. Texte.

Les versions de l’Ecriture portent souvent des leçons différentes du texte hébreu ; & les divers manuscrits de ces versions présentent souvent des leçons différentes entre elles.

La grande affaire des critiques & des éditeurs est de déterminer laquelle de plusieurs leçons est la meilleure ; ce qui se fait en confrontant les différentes leçons de plusieurs manuscrits ou imprimés, & choisissant pour bonne, celle dont les expressions font un sens plus conforme à ce qu’il paroît que l’auteur avoit intention de dire, ou qui se rencontre dans les manuscrits, ou les imprimés les plus corrects.

Leçons, en terme de breviaire, ce sont des fragmens soit de l’Ecriture, soit des PP. qu’on lit à matines. Il y a des matines à neuf leçons, à trois leçons.

On dit aussi leçons de Théologie, comme leçon d’arabe, de grec, &c.

Leçon, (Maréchallerie.) se dit également du cavalier & du cheval, qu’on instruit dans les maneges. Le cavalier donne leçon au cheval en lui apprenant