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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/530

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grise parlent, les uns allemand, les autres italien, & d’autres un certain jargon qu’ils appellent roman : ce jargon est un mélange d’italien ou de latin, & de la langue des anciens Lépontiens.

La ligue de la Caddée, ou maison de Dieu, en allemand, gotts hansf-bundt, est partagée en onze grandes communautés, qui se subdivisent en vingt-une jurisdictions. Dans les affaires générales qui se nomment autrement dietes, cette ligue a vingt-quatre voix. Voyez Cadée.

La ligue des dix jurisdictions, ou dix droitures, tire son nom des dix jurisdictions qui la forment, sous sept communautés générales : tous les habitans de cette derniere ligue, à un ou deux villages près, parlent allemand. (D. J.)

LIGUGEY, (Géogr.) en latin Locociacum, Locogeiacum, & dans ces derniers tems Ligugiacum. C’est le Lieudiacum qui est le premier monastere des Gaules, dont l’histoire ait parlé. S. Martin, par goût pour la solitude, l’établit à trois lieues de Poitiers, avant son épiscopat, c’est-à-dire avant l’an 371. Devenu évêque, il fonda celui de Marmoutier à environ une lieue de Tours, dans un endroit desert. Ces deux monasteres, alors composés de cellules de bois, furent ruinés avec le tems : celui de Ligugey est devenu, par je ne sai quelle cascade, un prieuré appartenant aux Jésuites ; mais celui de Marmoutier forme une abbaye célebre dans l’ordre de S. Benoît, qui produit aux moines dix-huit mille livres de rente annuelle, & seize mille livres à l’abbé. On nomma par excellence ce dernier monastere, à cause du nombre des pasteurs qu’il a donnés à l’Eglise, Majus monasterium, d’où l’on a fait en notre langue Marmoutier. Les bâtimens en sont aujourd’hui magnifiques, & à cet égard il mérite encore le nom qu’il porte. (D. J.)

LIGUIDONIS portus, (Géog. anc.) c’est un port de l’île de Sardaigne ; Antonin le met sur la route de Tibules à Cagliari, en passant par Olbia. Le P. Briet donne pour nom moderne Lagoliaste, autrement dit Lago d’Ogliasto.

LIGURIE (la) Liguria, (Géogr. anc.) ancienne province de la Gaule cispadane, sur la mer de Ligurie. On a compris quelquefois dans cette province divers peuples des Alpes, qui venoient pour la plupart des Liguriens.

Les habitans de la Ligurie tiroient leur origine des Celtes : les Grecs les appelloient Ligus, Lygies, & quelquefois Ligustini ; les Romains les nommoient Ligures. Ptolomée vous indiquera les villes de la Ligurie.

Selon le P. Priet, Antiq. ital. part. II. liv. V. la Ligurie comprenoit ce que nous appellons aujourd’hui le marquisat de Saluces, partie du Piémont, la plus grande partie du Montferrat, toute la côte de Gènes, la seigneurie de Mourgues, autrement Monaco, partie du comté de Nice, & la partie du duché de Milan qui est au-deçà du Pô.

Selon le même géographe, les Liguriens étoient divisés en Liguriens chevelus Ligures capillati, & en Liguriens montagnards, Ligures montani. Les Liguriens chevelus occupoient les côtes de la mer, & les Liguriens montagnards habitoient l’Apennin & les Alpes.

Les Liguriens passoient pour des hommes vigoureux, adonnés au travail, vivant de lait, de fromage, & usant, dit Strabon, d’une boisson faite avec de l’orge. Ils supportoient constamment la fatigue & la peine, assuetum malo Ligurem. Virgile néanmoins les dépeint comme des gens faux & fourbes. Claudien insinue la même chose, & Servius les traite de menteurs.

LIGURIENS, Ligurini, (Géog. anc.) habitans de la Ligurie. Les peuples qui habitoient la vraie Ligu-

rie, ayant envoyé des colonies en Italie, y introdusirent

leur nom, en s’y établissant eux-mêmes. Le mot ligus en grec signifie un amateur de la poésie & de la musique. Les Grecs ont souvent imposé aux nations d’Europe, d’Asie & d’Afrique, des noms sous lesquels nous les reconnoissons encore aujourd’hui, parce qu’ils les ont tirés de quelque qualité morale ou corporelle qui leur étoit particuliere. On sait combien les Bardes ont été chers à la Provence & au Dauphiné ; & personne n’ignore qu’on voit encore peu de peuples en Europe, qui aiment tant la danse, les vers & les chansons.

LIGUSTICUM mare, (Géogr. anc.) on nommoit ainsi le golfe de Lyon dans sa partie orientale, depuis l’Arne, riviere de Toscane, jusqu’à Marseille ; mais Niger appelle mer Ligustique cette étendue de mer qui va depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à la Sicile.

LIGYRIENS, Ligyrii, (Géog. anc.) peuples anciens de la Thrace ; ils avoient un lieu saint consacré à Bacchus, qui rendoit des oracles, au rapport de Macrobe, saturn. lib. I. ch. xviij. (D. J.)

LILAC, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, partagée pour l’ordinaire en quatre parties. Il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur ; ce pistil devient dans la suite un fruit applati en forme de langue, qui se partage en deux parties, & qui est divisé par une cloison en deux loges remplies de semences applaties & bordées. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lilac, (Hist. natur.) petit arbre qui nous est venu de l’Asie, & que l’on cultive en Europe pour l’agrément. Il fait une tige assez droite, prend peu de grosseur, se garnit de beaucoup de branches, & ne s’éleve au plus qu’à vingt piés. Il fait quantité de petites racines fibreuses qui s’entremêlent & s’étendent peu. Sa feuille est grande, faite en cœur, d’un verd tendre & luisant ; elle paroît de très-bonne heure au printems. Sur la fin d’Avril, ses fleurs annoncent le retour de la belle saison ; elles viennent en grosses grappes au bout des branches de l’année précédente, & il y a toujours deux grapes ensemble. Leur couleur varie selon les especes : il y a des lilacs à fleur de couleur gris de lin fort tendre ; d’autres à fleur plus foncée tirant sur le pourpre, & d’autres à fleur blanche. Toutes ces fleurs ont de la beauté & une odeur délicieuse ; elles sont remplacées par de petites gousses de la forme d’un fer de pique, qui deviennent rouges au tems de leur maturité ; elles contiennent de semences menues, oblongues, applaties, aîlées, & d’une couleur rousse. Cet arbre est très-robuste, il croît promptement, & donne bientôt des fleurs. Il se plaît à toutes les expositions, réussit dans tous les terreins, se multiplie plus que l’on ne veut, & n’exige aucune culture.

On pourroit élever le lilac de semence ou de branches couchées ; mais la voie la plus courte & la seule usitée, c’est de le multiplier par les rejettons qui viennent en quantité sur ses racines : le mois d’Octobre est le vrai tems de les transplanter, parce que les boutons de cet arbre, qui sont en séve dès le mois de Décembre, grossissent pendant l’hiver & s’ouvrent de bonne heure au printems. Plus les lilacs sont gros, mieux ils reprennent, & ils donnent d’autant plus de fleurs qu’ils se trouveront dans un terrein sec & léger, mais ils s’éleveront beaucoup moins. On en voit souvent qui sont enracinés dans les murailles, & qui s’y soutiennent à merveille. Il ne faut d’autre soin à cet arbre que de supprimer les rejettons qui viennent tous les ans sur ses racines, & qui affoiblissent la principale tige. On doit aussi avoir attention de tailler cet arbre avec ménagement, on se priveroit des fleurs en accourcissant tou-