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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/546

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d’un verd tendre & jaunâtre très-brillant. L’arbre donne pendant l’été des fleurs blanches en dedans, purpurines en dehors ; elles sont rassemblées en bouquets, & plus grandes que celles des orangers & des citronniers. Le fruit que produit la fleur est oblong, terminé en pointe, & assez semblable pour la forme & la grosseur à celui du citronnier ; si ce n’est qu’il a des verrucités ou proéminences qui le rendent plus ou moins informe. Sous une écorce jaune, moëlleuse & épaisse, ce fruit est divisé en plusieurs cellules, rempli d’un suc aigre ou doux, selon la qualité des especes ; & ces cavités contiennent aussi la semence qui doit multiplier l’arbre. C’est principalement par la forme irréguliere de son fruit qu’on distingue le limonier du citronier ; & on fait la distinction de l’un & de l’autre d’avec l’oranger, par leurs feuilles qui n’ont point de talon ou d’appendice. Cet arbre est à-peu-près de la nature des orangers, mais son accroissement est plus prompt, ses fruits viennent plutôt à maturité ; il est un peu plus robuste, & il lui faut des arrosemens plus abondans. La feuille, la fleur, le fruit, & toutes les parties de cet arbre ont une odeur aromatique très-agréable.

Les bonnes especes de limons se multiplient par la greffe en écusson, ou en approche sur des limons venus de graine, ou sur le citronnier ; mais ces greffes viennent difficilement sur des sujets d’oranger. A cet égard le citronnier est encore ce qu’il y a de mieux, parce qu’il croît plus vîte que le limonier, & cette force de seve facilite la reprise des écussons, & les fait pousser vigoureusement. Il faut à cet arbre même culture & mêmes soins qu’aux orangers : ainsi, pour éviter les répétitions, voyez Oranger.

Les especes de limons les plus remarquables sont ;

Le limon aigre & le limon doux : ce sont les especes les plus communes.

Le limonier à feuilles dorées, & celui à feuilles argentées. Ces deux variétés sont délicates ; il leur faut quelques soins de plus qu’aux autres pour empêcher leurs feuilles de tomber.

Le limon en forme de poire ; c’est l’espece la plus rare.

Le limon impérial ; ce fruit est très-gros, très-beau, & d’une agréable odeur.

La pomme d’Adam. Cette espece étant plus délicate que les autres, demande aussi plus de soins pendant l’hiver, autrement son fruit seroit sujet à tomber dans cette saison.

Le limonier sauvage. Cet arbre est épineux ; ses feuilles sont d’un verd foncé, & joliment découpées sur ses bords.

Le limon sillonné. Ce fruit n’est pas si bon, & n’a pas tant de suc que le limon commun.

Le limon double. Cette espece est plus curieuse que bonne : ce sont deux fruits réunis, dont l’un sort de l’autre.

La lime aigre & la lime douce, sont deux especes rares & délicates, auxquelles il faut de grands soins pendant l’hiver, si on veut leur faire porter du fruit.

Le limonier à fleur double. Cette production n’est pas bien constante dans cet arbre ; il porte souvent autant de fleurs simples que de fleurs doubles.

Si l’on veut avoir de plus amples connoissances de ces especes de limons, ainsi que de beaucoup d’autres variétés que l’on cultive en Italie, on peut consulter les hespérides de Ferrarius, qui a traité complettement de ces sortes d’arbres. Article de M. d’Aubenton.

Limonier, (Maréchallerie.) on appelle ainsi un cheval de voiture attelé entre deux limons. Voyez Limon.

LIMONIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en œillet, composée ordinairement de plusieurs pétales qui sortent d’un calice fait en forme

d’entonnoir. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite une semence oblongue, enveloppée d’un calice ou d’une capsule. Il y a des especes de ce genre, dont les fleurs sont monopétales, en forme d’entonnoir & découpées. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

LIMOSINAGE, s. m. (Maçon.) c’est toute maçonnerie faites de moilons brutes à bain de mortier, c’est-à-dire en plein mortier, & dressée au cordeau avec paremens brutes, à laquelle les Limosins travaillent ordinairement dans les fondations : on appelle aussi cette sorte d’ouvrage, limosinerie.

LIMOURS, (Géog.) petite ville de France dans le Hurepoix ; au diocèse de Paris, à 8 lieues S. O. de Paris. Long. 20. 3. lat. 48. 31.

LIMOUSIN, s. m. ou le LIMOSIN, (Géog.) en latin Lemovicia ; province de France, bornée nord par la Manche & par l’Auvergne, sud par le Quercy, ouest par le Périgord.

Ce pays & sa capitale tirent leurs noms du peuple Lemovices, qui étoient les plus vaillans d’entre les Celtes du tems de César, ayant soutenu opiniâtrement le parti de Vercengétorix. Auguste, dans la division qu’il fit de la Gaule, les attribua à l’Aquitaine. Présentement le Limousin se divise en haut & bas ; le climat du haut est froid, parce qu’il est montueux ; mais le bas Limousin est fort tempéré, & donne de bons vins : dans quelques endroits, le pays est couvert de forêts de chataigniers. Il a des mines de plomb, de cuivre, d’étain, d’acier & de fer ; mais son principal commerce consiste en bestiaux & en chevaux. Il y a trois grands fiefs titrés dans cette province ; le vicomté de Turenne, le duché-pairie de Vantadour & le duché-pairie de Noailles. Tout le Limousin est régi par le Droit écrit, le Droit romain, & est du ressort du parlement de Bordeaux.

C’est ici le lieu de dire un mot d’un pape Grégoire XI. & de quatre hommes de lettres ; Martial d’Auvergne, Jean d’Aurat, Jacques Merlin, & Pierre de Montmaur, nés tous cinq en Limousin, mais dans des endroits obscurs ou ignorés. Martial d’Auvergne, procureur au parlement de Paris, sur la fin du xv. siecle s’est fait connoître par ses arrêts d’amour, imprimés de nos jours très-joliment en Hollande in-8o. avec des commentaires ingénieux.

D’Aurat, en latin Auratus, servit dans ce royaume au rétablissement des lettres grecques sous François I. A l’âge de 72 ans il se remaria avec une jeune fille de 20 ans, & dit plaisamment à ses amis qu’il falloit lui permettre cette faute comme une licence poétique. Il eut un fils de ce mariage, & mourut la même année, en 1588.

Merlin fleurissoit aussi sous le même prince. L’on trouve de l’exactitude & de la sincérité dans sa collection des conciles, & il a l’honneur d’y avoir songé le premier. Il publia les œuvres d’Origène, avec l’apologie complette de ce pere de l’Eglise, qui n’est pas une besogne aisée ; il mourut en 1541.

Montmaur, professeur en langue grecque à Paris, au commencement du siecle passé, mourut en 1648. On ignore pourquoi tous les meilleurs poëtes & les meilleurs esprits du tems conspirerent contre lui, sans qu’il y ait donné lieu par aucun écrit satyrique, ou par un mauvais caractere. Il ne paroît même pas qu’il fût méprisable, du-moins du côté de l’esprit, car il savoit faire dans l’occasion des reparties très spirituelles. On raconte qu’un jour chez le président de Mesmes, il se forma contre lui une grande cabale, soutenue par un avocat fils d’un huissier. Dès que Montmaur parut, cet avocat lui cria, guerre, guerre. Vous dégénerez bien, lui dit Montmaur, car votre pere ne fait que crier paix-là, paix-là : ce coup de foudre accabla le chef des conjurés. Une autre