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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/65

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Jupiter paroît presque aussi grand que Venus ; mais il est moins brillant ; il est quelquefois éclipsé par la Lune, par le Soleil, & même par Mars.

Jupiter a des bandes ou zones que M. Newton croit se former dans son atmosphere. Il y a dans ces bandes plusieurs taches dont le mouvement a servi à déterminer celui de Jupiter autour de son axe. Cassini, Campani & d’autres se disputent la gloire de cette découverte. Voyez Bandes, Taches, &c.

Galilée a le premier découvert quatre étoiles ou petites lunes qui tournent autour de Jupiter, & qu’il a appellées les astres de Medicis ; on ne les nomme plus que les satellites de Jupiter. Voyez Satellites.

M. Cassini a observé que le premier de ces satellites est éloigné de Jupiter de cinq demi-diametres de cette planete, & acheve sa révolution en 1 jour 18 heures & 32 minutes.

Le second qui est un peu plus grand, est éloigné de Jupiter de huit diametres, & acheve son tour on 3 jours 13 heures & 12 minutes. Le troisieme qui est le plus grand de tous, est éloigné de Jupiter de 13 demi-diametres, & acheve son tour en 7 jours 3 heures 50 minutes. Le dernier qui est le plus petit, est éloigné de Jupiter de 23 demi-diametres, & acheve sa révolution en 16 jours 18 heures & 9 minutes.

Ces quatre lunes, selon l’observation de M. de Fontenelle, dans sa pluralité des mondes, doivent faire un spectacle assez agréable pour les habitans de Jupiter, s’il est vrai qu’il y en ait. Car tantôt elles se levent toutes quatre ensemble, tantôt elles sont toutes au méridien, rangées l’une au-dessus de l’autre : tantôt on les voit sur l’horison à des distances egales ; elles souffrent souvent des éclipses dont les observations sont fort-utiles pour connoître les longitudes. M. Cassini a fait des tables pour calculer les immersions & les émersions du premier satellite de Jupiter dans l’ombre de cette planete. Voyez Eclipse, Longitude.

Astronomie comparée de Jupiter. Le jour & la nuit sont à peu-près de même longueur sur toute la surface de Jupiter ; sçavoir de cinq heures chacun, l’axe de son mouvement journalier étant à peu-près à angles droits sur le plan de son orbite annuel.

Quoiqu’il y ait quatre planetes principales au-dessous de Jupiter, néanmoins un œil placé sur sa surface ne les verroit jamais, si ce n’est peut-être Mars qui est assez près de Jupiter pour en pouvoir être apperçu. Les autres ne paroîtroient tout au plus que comme des taches qui passent su-le disque du Soleil, quand elles se rencontrent entre l’œil & ce dernier astre. La parallaxe du Soleil ou de Jupiter, doit être absolument ou presque sensible, aussi-bien que celle de Saturne, & ce diametre apparent du Soleil vu de Jupiter, ne doit être que de six minutes. Le plus éloigné des satellites de Jupiter doit paroître presque aussi grand que nous paroit la Lune. Grégori ajoûte qu’un astronome placé dans Jupiter appercevroit distinctement deux especes de planetes, quatre près de lui ; sçavoir, les satellites ; & deux plus éloignées, savoir le Soleil & Saturne. La premiere cependant seroit beaucoup moins brillante que le Soleil, malgré la grande disproportion qu’il y a entre leur distance & leur grandeur apparente ; les quatre satellites doivent donner quatre différentes sortes de mois aux habitans de Jupiter. Ces lunes souffrent une éclipse toutes les fois qu’étant opposées au Soleil, elles entrent dans l’ombre de Jupiter ; de même toutes les fois qu’étant en conjonction avec le soleil, elles jettent leur ombre du côté de Jupiter, elles causent une éclipse de Soleil pour un œil placé dans l’endroit de Jupiter sur lequel cette ombre tombe. Mais comme les orbites de ces satellites sont dans un

plan incliné sur celui de l’orbite de Jupiter, avec lequel elles forment un angle, leurs éclipses deviennent centrales, lorsque le Soleil est dans un des nœuds de ces satellites ; & quand il est hors de cette position, les éclipses peuvent devenir totales, sans être centrales. La petite inclinaison du plan des orbites des satellites sur le plan de l’orbite de Jupiter, fait qu’à chaque révolution il se fait une éclipse des satellites & du Soleil, quoique ce dernier soit à une distance considérable des nœuds. Bien plus le plus bas de ces satellites, lors même que le soleil est le plus éloigné des nœuds, doit éclipser le Soleil, ou être éclipsé par rapport aux habitans de Jupiter ; cependant le plus éloigné peut être deux ans consécutifs sans tomber dans l’ombre de cette planete, & celle-ci dans la sienne. On peut ajoûter à cela que ces satellites s’éclipsent quelquefois l’un l’autre ; ce qui fait que la phase doit être différente, & même souvent opposée à celle du satellite qui entre dans l’ombre de Jupiter, & dont nous venons de parler ; car dans celui-ci le bord oriental doit entrer le premier dans l’ombre, & l’occidental en sortir le dernier, au lieu que c’est tout le contraire dans les autres.

Quoique l’ombre de Jupiter s’étende bien au-delà de ses satellites, elle est cependant bien moindre que la distance de Jupiter à aucune autre planete, & il n’y en a aucune, pas même Saturne qui puisse s’y plonger. Wolf, Harris & Chambers. (O)

Ces taches ou bandes sont tantôt plus, tantôt moins nombreuses, quelquefois plus grandes, quelquefois plus petites, à cause des inégalités de la surface, des endroits moins propres à renvoyer la lumiere, des changemens qui s’y font, comme dans Mars, soit par l’action des rayons du Soleil, soit par celle de quelque matiere qui pénetre la planete. On voit ces bandes se retrécir après plusieurs années ou s’élargir, s’interrompre & se réunir ensuite. Il s’en forme de nouvelles, il s’en efface : changemens plus considérables, que si l’Océan inondoit toute la terre ferme, & laissoit à sa place de nouveaux continens. Les taches qui sont plus près du centre apparent de Jupiter, ont un mouvement plus prompt que les autres, ayant un plus grand cercle à parcourir en même tems. On les voit aller de l’Orient à l’Occident, disparoître, puis reparoître après neuf heures 56 min. d’où l’on conclut que Jupiter tourne sur son axe en ce même tems.

Quand les satellites sont en conjonction avec le Soleil, ils empêchent un cône de lumiere d’aller jusqu’à la planete, & c’est une ombre qu’ils jettent sur elle : cette ombre est une espece de tache mobile sur Jupiter ; c’est une éclipse. Et si la terre n’est pas dans la même ligne, nous la voyons cette éclipse, ou cette obscurité changeante parcourir le disque de Jupiter d’Orient en Occident. Quelquefois les satellites paroissent plus ou moins grands, sans être plus ou moins éloignés. Cela vient apparemment de ce qu’ils ont leurs taches, leurs parties obscures, leurs endroits plus ou moins propres à réfléchir la lumiere. Quand ils tournent vers nous leurs parties plus solides & plus propres à renvoyer la lumiere, ils paroissent plus grands. Mais s’ils nous présentent des parties capables d’absorber la lumiere, ils en paroissent plus petits, parce que la lumiere réfléchie trace sur l’organe de la vûe une plus petite image. Voyez Satellites. M. Formey.

Jupiter, (Mythol.) fils de Saturne & de Rhée selon la Fable, & celui que l’antiquité payenne a reconnu pour le plus puissant de ses dieux ; c’est, disent les Poëtes, le roi des dieux & des hommes, qui d’un signe de sa tête ébranle l’univers.

Sa naissance, la maniere dont il fut alaité, son éducation, ses guerres, ses victoires, ses femmes,