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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/721

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la cause en est différente de celle dont nous venons de faire mention. Les rayons de lumiere ne sont pas réfléchis en heurtant contre les parties des corps mêmes qui les réfléchissent, mais par quelques puissances répandues également sur toute la surface des corps, & par laquelle les corps agissent sur la lumiere, soit en l’attirant, soit en la repoussant, mais toûjours sans contact : cette puissance est la même par laquelle dans d’autres circonstances les rayons sont réfractés. Voyez Réflexion & Réfraction.

M. Newton prétend que tous les rayons qui sont réfléchis par un corps ne touchent jamais le corps, quoiqu’à la vérité ils en approchent beaucoup. Il prétend encore que les rayons qui parviennent réellement aux parties solides du corps s’y attachent, & sont comme éteins & perdus. Si l’on demande comment il arrive que tous les rayons ne soient pas réfléchis à la fois par toute la surface, mais que tandis qu’il y en a qui sont réfléchis, d’autres passent à-travers, & soient rompus :

Voici la réponse que M. Newton imagine qu’on peut faire à cette question. Chaque rayon de lumiere dans son passage à-travers une surface capable de le briser, est mis dans un certain état transitoire, qui dans le progrès du rayon se renouvelle à intervalles égaux ; or à chaque renouvellement le rayon se trouve disposé à être facilement transmis à-travers la prochaine surface réfractante. Au contraire, entre deux renouvellemens consécutifs, il est disposé à être aisément réfléchi : & cette alternative de réflexions & de transmissions, paroît pouvoir être occasionnée par toutes sortes de surfaces & à toutes les distances. M. Newton ne cherche pas par quel genre d’action ou de disposition ce mouvement peut être produit ; s’il consiste dans un mouvement de circulation ou de vibration, soit des rayons, soit du milieu, ou en quelque chose de semblable ; mais il permet à ceux qui aiment les hypothèses, de supposer que les rayons de lumiere lorsqu’ils viennent à tomber sur une surface réfringente ou réfractante, excitent des vibrations dans le milieu réfringent ou réfractant, & que par ce moyen ils agitent les parties solides du corps. Ces vibrations ainsi répandues dans le milieu, pourront devenir plus rapides que le mouvement du rayon lui-même ; & quand quelque rayon parviendra au corps dans ce moment de la vibration, où le mouvement qui forme celle-ci, conspirera avec le sien propre, sa vitesse en sera augmentée, de façon qu’il passera aisément à-travers de la surface réfractante ; mais s’il arrive dans l’autre moment de la vibration, dans celui où le mouvement de vibration est contraire au sien propre, il sera aisément réfléchi ; d’où s’en suivent à chaque vibration des dispositions successives dans les rayons, à être réfléchis ou transmis. Il appelle accès de facile réflexion, le retour de la disposition que peut avoir le rayon à être réfléchi, & accès de facile transmission, le retour de la disposition à être transmis ; & enfin, intervalle des accès, l’espace de tems compris entre les retours. Cela posé, la raison pour laquelle les surfaces de tous les corps épais & transparens réfléchissent une partie des rayons de lumiere qui y tombent & en réfractent le reste, c’est qu’il y a des rayons qui au moment de leur incidence sur la surface du corps, se trouvent dans des accès de réflexion facile, & d’autres qui se trouvent dans des accès de transmission facile.

Nous avons déja remarqué à l’article Couleur, que cette théorie de M. Newton, quelque ingénieuse qu’elle soit, est encore bien éloignée du degré d’évidence nécessaire pour satisfaire l’esprit sur les propriétés de la lumiere réfléchie. V. Réflexion & Miroir.

Un rayon de lumiere qui passe d’un milieu dans un autre de différente densité, & qui dans son passa-

ge, se meut dans une direction oblique à la surface

qui sépare les deux milieux, sera réfracté ou détourné de son chemin, parce que les rayons sont plus fortement attirés par un milieu plus dense que par un plus rare. Voyez Réfraction.

Les rayons ne sont point réfractés en heurtant contre les parties solides des corps, & le sont au contraire sans aucun contact, & par la même force par laquelle ils sont réfléchis, laquelle s’exerce différemment en différentes circonstances. Cela se prouve à-peu-près par les mêmes argumens qui prouvent que la réflexion se fait sans contact.

Pour les propriétés de la lumiere rompue ou réfractée, voyez Réfraction & Lentille.

On observe dans le crystal d’Islande, une espece de double réfraction très-différente de celle qu’on remarque dans tous les autres corps. Voyez à l’article Crystal d’Islande, le détail de ce phénomene, & les conséquences que M. Newton en a tirées.

M. Newton ayant observé que l’image du soleil projetée sur le mur d’une chambre obscure par les rayons de cet astre, & transmise à-travers un prisme, étoit cinq fois plus longue que large, se mit à rechercher la raison de cette disproportion ; & d’expérience en expérience, il découvrit que ce phénomene provenoit de ce que quelques-uns des rayons de lumieres étoient plus réfractés que d’autres, & que cela suffisoit pour qu’ils représentassent l’image du soleil allongée. Voyez Prisme.

De-là il en vint à conclure, que la lumiere elle-même est un mélange hétérogene de rayons différemment refrangibles, ce qui lui fit distinguer la lumiere en deux especes ; celle dont les rayons sont également refrangibles, qu’il appella lumiere homogene, similaire ou uniforme ; & celle dont les rayons sont inégalement refrangibles, qu’il appella lumiere hétérogene. Voyez Réfrangibilité.

Il n’a trouvé que trois affections par lesquelles les rayons de lumiere différassent les uns des autres ; sçavoir, la réfrangibilité, la réflexibilité & la couleur ; or les rayons qui conviennent entr’eux en réfrangibilités, conviennent aussi dans les autres affections, d’où il s’ensuit qu’ils peuvent à cet égard être regardés comme homogenes, quoiqu’à d’autres égards, il fût possible qu’ils fussent hétérogenes.

Il appelle de plus, couleurs homogenes, celles qui sont représentées par une lumiere homogene, & couleurs hétérogenes, celles qui sont produites par une lumiere hétérogene. Ces définitions expliquées, il en déduit plusieurs propositions. En premier lieu, que la lumiere du soleil consiste en des rayons qui different les uns des autres par des degrés indéfinis de réfrangibilités. Secondement, que les rayons qui different en réfrangibilité, différeront aussi à proportions dans les couleurs qu’ils représenteront lorsqu’ils auront été séparés les uns des autres. Troisiémement, qu’il y a autant de couleurs simples & homogenes, que de degrés de réfrangibilité ; car à chaque degré différent de réfrangibilité, répond une couleur différente.

Quatriémement, que la blancheur semblable à celle de la lumiere immédiate du soleil, est un composé de sept couleurs primitives. Voyez Couleur.

Cinquiémement, que les rayons de lumiere ne souffrent aucunes altérations dans leurs qualités par la réfraction.

Sixiémement, que la réfraction ne sauroit décomposer la lumiere en couleurs qui n’y auroient pas été mélées auparavant, puisque la réfraction ne change pas les qualités des rayons, mais qu’elle sépare seulement les uns des autres ceux qui ont différentes qualités, par le moyen de leurs différentes réfrangibilités.

Nous avons déja observé que les rayons de lumiere