Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/800

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ayant lieu que dans le poëme dramatique.

On convient que les anciens poëtes ont pu faire intervenir les divinités dans l’épopée ; mais les modernes ont-ils le même privilege ? C’est une question qu’on trouvera examinée au mot merveilleux. Voyez Merveilleux.

Machines de Théatre chez les anciens. Ils en avoient de plusieurs sortes dans leurs théâtres, tant celles qui étoient placées dans l’espace ménagé derriere la scène, & qu’on appelloit παρασκήνιον, que celles qui étoient sous les portes de retour pour introduire d’un côté les dieux des bois & des campagnes, & de l’autre les divinités de la mer. Il y en avoit aussi d’autres au-dessus de la scène pour les dieux célestes, & enfin d’autres sous le théâtre pour les ombres, les furies, & les autres divinités infernales : ces dernieres étoient à-peu-près semblables à celles dont nous nous servons pour ce sujet. Pollux l. IV. nous apprend que c’étoient des especes de trapes qui élevoient les acteurs au niveau de la scene, & qui redescendoient ensuite sous le théâtre par le relâchement des forces qui les avoient fait monter. Ces forces consistoient comme celles de nos théâtres, en des cordes, des roues, des contrepoids ; c’est pour cela que les Grecs nommoient ces machines ἀναπείσματα : pour celles qu’ils appelloient περίακτοι, & qui étoient sur les portes de retour, c’étoient des machines tournantes sur elles mêmes, qui avoient trois faces différentes, & qui se tournoient d’un & d’autre côté, selon les dieux à qui elles servoient. Mais de toutes ces machines, il n’y en avoit point dont l’usage fût plus ordinaire que celles qui descendoient du ciel dans les dénouemens, & dans lesquelles les dieux venoient, pour ainsi dire, au secours du poëte, d’où vint le proverbe de θεὸς ἀπὸ μηχανῆς. Ces machines avoient même assez de rapport avec celles de nos cintres ; car, au mouvement près, les usages en étoient les mêmes, & les anciens en avoient comme nous de trois sortes en général ; les unes qui ne descendoient point jusqu’en bas, & qui ne faisoient que traverser le théâtre ; d’autres dans lesquelles les dieux descendoient jusques sur la scene, & de troisiemes qui servoient à élever ou à soutenir en l’air les personnes qui sembloient voler. Comme ces dernieres étoient toutes semblables à celles de nos vols, elles étoient sujettes aux mêmes accidens : car nous voyons dans Suétone, qu’un acteur qui jouoit le rôle d’Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l’endroit où étoit placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étoient autour de lui. Suétone, in Nerone, c. xij. Mais quoique ces machines eussent assez de rapport avec celles de nos cintres, comme le théâtre des anciens avoit toute son étendue en largeur, & que d’ailleurs il n’étoit point couvert, les mouvemens en étoient fort différens. Car au lieu d’être emportés comme les nôtres par des chassis courans dans des charpentes en plafond, elles étoient guindées à une espece de grue, dont le col passoit par dessus la scene, & qui tournant sur elle-même pendant que les contrepoids faisoient monter ou descendre ces machines, leur faisoient décrire des courbes composées de son mouvement circulaire & de leur direction verticale, c’est-à-dire une ligne en forme de vis de bas en haut, ou de haut en bas, à celles qui ne faisoient que monter ou descendre d’un côté du théâtre à l’autre, & différentes demi-ellipses à celles, qui après être descendues d’un côté jusqu’au milieu du théâtre, remontoient de l’autre jusqu’au dessus de la scene, d’où elles étoient toutes rappellées dans un endroit du postscenium, où leurs mouvemens étoient placés. Diss. de M. Boindin, sur les théâtres des anciens. Mém. de l’acad. des Belles-Lettres, tome I. pag. 148. & suiv. (G)

MACHINISTE, s. m. (Art méchan.) est un homme qui par le moyen de l’étude de la Méchanique, invente des machines pour augmenter les forces mouvantes, pour les décorations de théâtre, l’Horlogerie, l’Hydraulique & autres. (K)

MACHINOIR, s. m. (Cordonnerie.) petit outil de buis qui sert aux Cordonniers à ranger & décrasser les points de derriere du soulier. Il est fort pointu, long de quatre à cinq pouces, arrondi par les deux bouts, dentelé à l’un, le milieu est un peu excavé en arc, afin que l’ouvrier le tienne plus commodément. Ce sont des marchands de crépin qui vendent des machinoirs.

MACHLIS, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) c’est un animal dont il est parlé dans Pline ; il est, dit-il, commun en Scandinavie. Il a les jambes toutes d’une venue, sans jointures, ainsi il ne se couche point ; il dort appuyé contre un arbre. Pour le prendre on scie l’arbre en partie ; l’animal s’appuyant, l’arbre tombe & l’animal aussi, qui ne peut se relever. Il est si vite, qu’on ne pourroit le prendre autrement. Il ressemble à l’alcé. Il a la levre de dessus fort grande ; de sorte qu’il est obligé d’aller à reculons pour paître.

MACHLYES, (Géog. anc.) en grec Μάχλυες, ancien peuple d’Afrique aux environs des Syrtes, & dans le voisinage des Lotophages, selon Hérodote. (D. J.)

MACHO, s. m. (Commerce.) on appelle en Espagne quintal-macho, un poids de cent cinquante livres, c’est-à-dire de cinquante livres plus fort que le quintal commun, qui n’est que de cent livres. Il faut six arobes pour le quintal macho, l’arobe de vingt-cinq livres, la livre de seize onces, & l’once de seize adarmes ou demi-gros ; le tout néanmoins un peu plus foible que le poids de Paris ; en sorte que les cent cinquante livres du macho ne rendent que cent trente-neuf livres & demi, un peu plus, un peu moins de cette derniere ville. Dict. de comm. (G)

MACHOIRE, s. f. en Anatomie ; c’est une partie d’un animal où les dents sont placées, & qui sert à mâcher les alimens. Voyez Mastication & Dent.

Les mâchoires sont au nombre de deux, appellées à cause de leur situation, l’une supérieure & l’autre inférieure.

La mâchoire supérieure est immobile dans l’homme & dans tous les animaux que nous connoissons, excepté dans le perroquet, le crocodile, & le poisson appellé acus vulgaris. Voyez Ray, Synops. pisc. p. 109.

Elle est composée de treize os, joints les uns aux autres par harmonie, six de chaque côté & un au milieu. Leurs noms sont le zigomatique ou os de la pommette, l’os maxillaire, l’os unguis, l’os du nez, l’os du palais, le cornet inférieur du nez, & le vomer. Voyez Zigomatique, &c. Il y a dans cette mâchoire des alveoles pour seize dents. Voyez nos Pl. d’Anat. & leur explic.

La mâchoire inférieure n’est composée que de deux os, qui d’abord sont unis au milieu du menton par le moyen d’un cartilage qui se durcit à mesure que l’enfant croît, & qui vers l’âge de sept ans, devenant osseux, unit tellement les deux os, qu’ils n’en forment plus qu’un seul de la figure de l’υ grec. Voyez nos Pl.

Cette mâchoire est composée de deux tables, entre lesquelles se trouve une substance spongieuse, qui est médullaire dans les enfans. La partie antérieure est mince, & garnie ordinairement de seize alvéoles pour autant de dents. Voyez Alvéole.

On distingue dans la mâchoire inférieure une arcade antérieure, qu’on appelle le corps, laquelle se termine sur les parties latérales en deux branches.

On remarque au bord supérieur de l’arcade, les alvéoles qui reçoivent les dents. On divise le bord