Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/926

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sini, 119. 36′ 30″ selon les pp. de Beze & Camille, 117. 20′ 30″. (D. J.)

Malacca, Péninsule de, (Géog.) grande presqu’île des Indes, au midi du royaume de Siam, entre le golfe de Siam à l’orient, celui de Bengale & le détroit de Malacca à l’occident. On estime que la longueur de cette péninsule, le long de la côte, est d’environ 250 lieues. Cette étendue de terre renferme le royaume de Malacca, & six autres. Les habitans de cette presqu’île sont noirs, petits, bien proportionnés dans leur petite taille, & redoutables lorsqu’ils ont pris de l’opium, qui leur cause une espece d’ivresse furieuse. Ils vont tous nuds de la ceinture en haut, à l’exception d’une petite écharpe qu’ils portent tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre épaule. Ils sont fort vifs, fort sensuels, & se noircissent les dents par le fréquent usage qu’ils font du bétel. Long. 119. lat. 3. 40. (D. J.)

Malacca, Détroit de, (Géog.) détroit dans les Indes, entre la péninsule de Malacca, qui lui donne son nom, & l’île de Sumatra. Les Portugais le nomment le détroit de Sincapour. Il communique, du côté du nord, au golfe de Bengale. (D. J.)

MALACHBELUS, (Myth.) nom d’une fausse Divinité qu’on trouve parmi les dieux des Palmyréniens, sujets de la fameuse Zénobie. Il paroît que cette partie de la Syrie adoroit entre ses dieux, Aglibelus & Malachbelus ; c’est du-moins ce qu’on peut conclure d’une grande table qui fut enlevée du temple du Soleil, lorsqu’Aurelien prit la ville de Palmyre, & sur laquelle se lisoient ces deux noms. Il y avoit autrefois à Rome, dans les jardins qu’on appelloit Horti carpenses, & qui sont aujourd’hui ceux des princes Justiniani, près de S. Jean-de-Latran, un beau monument, qui avoit été apporté de Palmyre à Rome. M. Spon a publié en 1685 ce bas-relief, avec l’inscription qui l’accompagne. Elle est en langue palmyrénienne, qui n’est plus connue, & en grec, qui contient apparemment la même chose. On trouvoit déja dans le trésor des antiquités de Gruterus l’inscription toute entiere, mais sans les figures. Le R. P. dom Bernard de Montfaucon s’en est procuré une copie beaucoup plus exacte, & mieux dessinée, que celle qui avoit paru dans d’autres recueils d’antiquités ; c’est celle que nous avons sous les yeux ; elle differe un peu de celle de Spon : en voici une traduction très-fidelle. « Titus Aurelius Heliodorus Adrianus, palmyrénien, fils d’Antiochus, a offert & consacré, à ses dépens, à Aglibelus & à Malachbelus, dieux de la patrie, ce marbre, & un signe ou petite statue d’argent, pour sa conservation, & pour celle de sa femme & de ses enfans, en l’année cinq cent quarante-sept, au mois Peritius ».

Le bas-relief est ce qu’on appelle un ex voto. Il représente le frontispice d’un temple, soutenu de deux colonnes. On y voit deux figures de jeunes personnes, au milieu desquelles est un arbre que quelques antiquaires ont pris mal-à-propos pour un pin, mais qui est sûrement un palmier, ce qui caracterise la ville de Palmyre, qui s’appelloit aussi Tadmor, ou Tamor, ce qui est la même chose ; car thamar en hébreu signifie palme. Au côté droit de cet arbre, est le dieu Aglibelus, sous la figure d’un jeune homme, vêtu d’une tunique relevée par la ceinture, en sorte qu’elle ne descend que jusques au-dessus du genou, & qui a par-dessus une espece de manteau ; tenant, de la main gauche, un petit bâton fait en forme de rouleau ; le bras droit, dont peut-être il tenoit quelque chose, est cassé. A l’autre côté est le dieu Malachbelus, qui représente aussi un jeune homme, vêtu d’un habillement militaire, avec le manteau sur les épaules, une couronne radiale à la tête, & ayant derriere lui un croissant, dont les

deux cornes débordent des deux côtés.

Le savant & judicieux M. l’Abbé Bannier, dans son excellent ouvrage de la Mythologie & des fables expliquées par l’histoire, tom. III. chap. vij p. 107. n’est pas satisfaisant sur cet article ; il s’en rapporte à l’idée de M. Spon, dont l’opinion, dit-il, n’a point été contredite : mais assurément il ne s’en suit pas de-là qu’elle ne puisse l’être. Quelques auteurs, dit M. Spon, prétendent que ces deux figures représentent le soleil d’hiver & d’été ; mais comme l’un des deux a derriere lui un croissant, il vaut mieux croire que c’est le soleil & la lune. Chacun sait, comme le remarque Spartien, & d’autres auteurs, que les Payens avoient leur dieu Lunus ; & parmi les médailles de Seguin, il y en a une qui représente ce dieu Lunus avec un bonnet arménien.

Pour Aglibelus, ajoute M. Bannier, il n’est pas douteux que ce ne soit le Soleil, ou Bélus ; car les Syriens peuvent fort bien avoir prononcé ainsi ce nom, que d’autres appelloient Baal, Belenus, Bel ou Belus. Le changement de l’e en o est peu de chose dans les différens dialectes d’une langue, mais le mot agli sera inintelligible, à moins qu’on n’admette la conjecture du savant Malaval, qui prétend que ce nom signifie la lumiere qu’envoie le soleil, fondé sur l’autorité d’Hesichius, qui met parmi les épithetes du soleil, celle d’αἰγλήτης ; or il n’est pas étonnant que les Grecs ayent prononcé Aglibolus, au lieu d’Egletes Belos. Il appuie ce sentiment sur le culte particulier qu’on sait que les Palmyréniens rendoient au soleil.

Pour ce qui est de Malachbelus, ce mot est composé de deux autres ; savoir, malach, qui veut dire roi, & baal, seigneur. Ce dieu étant représenté avec un croissant & une couronne, il est certain, prétend M. Spon, que c’est la Lune, ou le dieu Lunus, l’Ecriture-sainte désignant souvent la lune par l’épithete de reine du ciel ; ainsi le prophete Jérémie, condamnant l’usage d’offrir des gâteaux à cette déesse, s’exprime ainsi : Placentas offert reginæ cæli.

M. Jurieu pense que Aglibolus signifie l’oracle de Bel, dérivant agli du mot hébreu revelavit. Une attention plus particuliere au mot Aglibelus & aux divers attributs des deux figures du monument, auroit donné à ces savans une idée plus juste, & les eût conduit à trouver dans ces deux figures les deux points du jour, le matin & le midi ; l’une signifie gutta, ou uligo, humor quæ fit ex rore liquefacto ; ce mot se trouve dans ce beau passage du livre de Job, chap. xxxviij. v. 28. La pluie n’a-t-elle point de pere ? ou qui produit les gouttes de la rosée ? Aglibolus est donc le dominateur des gouttes, le seigneur de la rosée, qui est dans la nature un des plus grands principes de végétation & de fécondité ; le rouleau qu’il tient à la main, sont les cieux de nuit, éclairés & embellis par une multitude d’astres, que le point du jour fait disparoître, & qu’il roule, suivant l’expression du psalmiste, figure très-belle, empruntée dans l’énergie du style oriental ; & si le bras droit d’Aglibelus ne manquoit pas, on verroit, sans doute, qu’il tenoit une coupe, ou qu’il exprimoit une espece d’éponge, ou de nue, dont il faisoit distiller la rosée ; peut-être même avoit-il dans la main droite l’étoile du matin, conjectures que justifient un grand nombre d’autres figures analogues, qu’on trouve dans des recueils d’antiquités. La tunique relevée par la ceinture, & qui ne descend que jusqu’au genou, sert encore à confirmer notre explication, puisque c’est la précaution que prenoient sans doute les anciens, habillés de longues robes, & que prennent encore nos femmes de la campagne, lorsqu’elles vont à l’ouvrage, avant que la rosée soit dissipée.

Quant à Malachbelus, l’on ne peut assez s’étonner que M. Spon, M. l’Abbé Bannier, après lui, ayent