Aller au contenu

Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
LE POÈME SANS NOM.


LXXVIII


Hélas ! chacun de nous vers le rêve emporté
Use en ce vol oiseux toute sa force humaine !
Tu sais bien que le rêve est hors de ton domaine.
Mais tu veux toujours plus que la réalité.

Pourquoi t’obstiner vers l’irréelle Beauté ?
Il n’est pas de chemin terrestre qui t’y mène.
Tu n’auras point la récompense de ta peine.
Aie, enfin, la pudeur de ta stupidité.

As-tu donc le désir d’ouïr ton glas qui tinte !
Cette Beauté, qui ne peut craindre ton atteinte,
Si tu l’irrites, peut te foudroyer demain.

De ceux qu’elle a tués on ignore le nombre…
L’Idéal est la proie interdite à ta main.
Allons ! contente-toi, sagement, de son ombre.