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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/123

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LE POÈME SANS NOM.


XCI


À mon étable, en ville, oui, porc, je suis rentré.
J’ai retrouvé tous mes corrupteurs dieux pénates,
Mon grand divan, mes mois coussins, mes fines nattes
Tout mon plaisant confort de bipède vautré.

Sur les bras du fauteuil si joliment cambré
J’ai cru revoir le creux léger de tes mains mates :
Et j’ai briïlé, tu sais, de ces bons aromates
Qui sont cousins germains de ton parfum ambré.

Car ta mémoire ici demeure souveraine…
Je vais, je viens ; d’un meuble à l’autre je me traîne :
Et je finis par m’écrouler sur le divan :

Et j’y reste, inactif… Que veux-tu que je fasse ?…
Je reparcours notre passé toujours vivant…
Tout fiévreux d’une ardeur sombre, je nous repasse !