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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/172

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LE POÈME SANS NOM.


CXXXVI


Le soir fâcheux pendant lequel, il m’en souvient,
Sortant de je ne sais quelle songerie acre,
Tu me fis cette injure impardonnable et pouacre
De m’appeler d’un nom qui n’était pas le mien.

Je cherchai, sur-le-champ, quel serait mon maintien,
Et s’il ne fallait pas crier guerre et massacre.
Ou d’un départ glacé faire le simulacre…
Je ne bougeai. Je ne dis mot. Je ne fis rien.

Mon sang-froid, quand j’y pense, encore m’extasie !
Je relevai la tête, et te vis cramoisie.
Tu semblais ressentir, ma chère, un tel tourment,

Puis, si rouge d’abord, tu devins, ah ! si blême
Que je baissai le front, très généreusement,
Ayant plut de pitié pour toi que pour moi-même !