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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/183

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LE POÈME SANS NOM.


CXLVI


Lorsque j’écris sur toi, pourquoi trouvé-je ainsi
Ma plume sous mes doigts plus tranchante qu’un coutre ?
D’où vient que si détestablement je t’accoutre ?
Et d’où vient qu’à ce point je te sois sans merci ?

Pourquoi suis-je animé de cet affreux souci
De te dire ton fait sans jamais passer outre ?
« C’est la fable toujours de la paille et la poutre ! »
Diront, probablement, ceux qui liront ceci…

Ah ! qu’ils auront raison ! Combien je vois, moi-même,
Et clairement, ce que ma rancune a d’extrême !
Et combien fréquemment je me prends en pitié !

Mais toi seule pourrais m’excuser. Parle ! Explique
Comment, n’étant méchante, en somme, qu’à moitié,
Tu m’as rendu, moi qui fus doux, diabolique.