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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/191

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LE POÈME SANS NOM.


CLII


Oui, je te hais ; oui, je te hais, comme le prêtre,
Quand il l’a renié, hait son dieu tout-puissant ;
Oui, je te hais ; oui, je te hais, de tout le sang
Qui circule et bouillonne au fond de mon pauvre être ;

Oui, je te hais ; oui, je te hais, comme le traître
Hait la cause qu’il a livrée en blêmissant ;
Oui, je te hais ; oui, je te hais, me nourrissant
De ma haine que rien ne fera disparaître.

Et cette haine, sache-le, je l’entretiens
De mes torts deux fois plus, cent fois plus, que des tiens
Le mai que je t’ai fait sans cesse m’y ramène.

Et, toi, sachant qu’elle m’anime nuit et jour.
Tu devrais à bon droit jouir de celle haine,
Puisqu’enfin cette haine est encor de l’amour !