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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/193

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187
LE POÈME SANS NOM.


CLIV


Lorsque tu l’apprendras ma haine, ô mon amour.
Elle sera déjà chuchotée à la ronde ;
Lorsque tu l’apprendras, sur la scène du monde
On en aura parlé du jardin à la cour ;

Lorsque tu l’apprendras, dans chaque carrefour
On l’aura vue offerte à tous et vagabonde ;
Lorsque tu l’apprendras, ma haine, moribonde.
En sera, j’en suis sûr, à son tout dernier jour ;

Lorsque tu l’apprendras, ô mon amour, ma haine,
Elle sera pour moi vivante encore à peine,
Et bientôt à mes pieds je la verrai gésir,

N’attendant plus que la suprême pelletée,
Et morte en souriant, oui, morte de plaisir ;
Car, quand tu l’apprendras, je l’aurai contentée !