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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/207

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LE POÈME SANS NOM.


CLXVI


Ta mère, qui s’en fut si prématurément
Du globe sur lequel vaillamment tu persistes.
Pâle et lasse sans cesse en ses blanches batistes,
Comme toi, m’as-tu dit, lisait à tout moment.

Mais elle n’avait soif, vouée au sentiment,
Que de mièvres auteurs, purs autant que puristes ;
Et, suivant leurs héros convenables et tristes,
Elle s’oubliait toute en leur propre tourment.

Dans les prouesses érotiques, les folies,
De tes héros à toi jamais tu ne t’oublies :
En vivant leurs romans, tu vis le tien aussi :

Et, feuilletant les leurs, tu hausses les épaules
Avec pitié, parfois ; car, voyons, Dieu merci !
Tu ferais beaucoup mieux dans tous ces premiers rôles.