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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/216

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LE POÈME SANS NOM.


CLXXIV


En ce temps-là (rassure-toi, non, pas de dates !),
Brune fillette en robe courte, aux mollets nus,
Aux brillants yeux déjà faussement ingénus,
Pendant qu’au piano tes graciles mains mates

Faisaient rechevroter de vieillottes sonates,
Quels pensers t’agitaient, quels rêves biscornus,
Lorsque des visiteurs, tant jeunes que chenus,
Se récriaient sur la longueur de tes deux nattes ?

Sur nul d’entre eux porteur de vêtements bourgeois
Tu ne daignais fixer ton éventuel choix ;
Car ces civils, vraiment, manquent par trop de touche !

Et tu soutirais fort bien que quelque impertinent
Embaumai sa moustache à ta petite bouche ;
Mais il fallait qu’il fût, au moins, sous-lieutenant !