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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/225

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LE POÈME SANS NOM.


CLXXXI


Suis-je repossédé ? De nouveau, je me ronge.
Me revoici brûlant à la fois et glacé ;
Me revoici cherchant dans notre amer passé
Un seul instant qui n’ait pas été de mensonge.

La nuit vient, titubant, dans le lit je me plonge,
Ainsi qu’un homme soûl roulerait au fossé ;
Et mon sommeil fiévreux sans trêve est traversé
Par les monstres griffus et sadiques du songe.

Pour que je sois, ma chère, à ce point tourmenté,
Ne faut-il pas que tu le sois de ton côté ?
Nous sommes reliés par un malin fluide :

Tu te réveilles blême en tes cheveux épars.
Ainsi que je le fais, dans une aube livide ;
Et nous sortons, tous deux, des mêmes cauchemars.