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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/259

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LE POÈME SANS NOM.


CCV


L’air de la ville où tu respires m’est mauvais ;
Et, j’ai beau m’en remettre à ma volonté forte,
Je m’énerve ; et, parfois, tremblant, j’ouvre ma porte
Et pense, sur le seuil : « Oui, c’est dit, je m’en vais ! »

Alors, tournant le dos à la maison, je fais
Dix pas, vingt pas, cent pas, m’excitant de la sorte…
Mais ma velléité d’exil est bientôt morte ;
Et je rentre chez moi… Quand y serai-je en paix ?…

Que ne t’en vas-tu, toi, de ces lieux la première !…
Ah ! pour sembler me fuir je te connais trop fière !
Sans doute te dis-tu, comme moi : « Bah ! plus tard… »

Mais nous savons, tous deux, quelle attente est la nôtre !
Et, sans nous l’avouer, nous guettons ce hasard
Qui doit nous replacer l’un en face de l’autre !…