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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/267

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LE POÈME SANS NOM.


CCXII


Lorsque je serai mort, ce que je vous demande
Pour mon corps, ce n’est pas un somptueux caveau.
Non, ne m’élevez point, par grâce, de tombeau !
Portez-moi parmi la bruyère, dans la lande.

Un trou, là, juste à ma mesure, pas bien grande :
Et jetez-m’y, par un matin ni laid ni beau.
(Ne vous effarez pas du cri de ce corbeau,
Qui pour happer mon âme, attend que je la rende…)

Et pas de cippe, point de croix, nul ornement ;
Rien que le tertre avec son léger renflement…
Et, surtout, point d’inscription lacrymatoire !

Je ne veux qu’un cyprès dans ce simple décor :
Cyprès qui flambera comme une torche noire,
Pour marquer que mon cœur sous terre brûle encor !