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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/269

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LE POÈME SANS NOM.


CCXIII


Proteste, mais je sais, d’avance, que tu n’es
Pas aussi soulevée, aussi blême de rage
Que l’on pourrait le craindre, en lisant cet ouvrage,
Tissu pour toi du fil barbelé des sonnets.

Pour le grand feu de bois tout prêt sur tes chenets.
Non, tu n’en feras pas un objet de tirage.
Non, ce pamphlet, quoique sanglant, point ne t’outrage :
Il fouette ton orgueil, plutôt ! Je te connais.

Tu fronçais le sourcil, ma chère, quand mes lèvres
Chantèrent ton éloge en mots exquis mais mièvres,
À l’heure où le désir premier nous assembla.

Je te connais. Non. tu n’es pas de ces poupées
Qui veulent des douceurs, mais de ces femmes-là
Qui rêvent d’être, un jour, par leur amant frappées !


Lannion (Côtes-du-Nord), 1918.