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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/31

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25
LE POÈME SANS NOM.


XVII


C’est surtout par l’échange incessant de nos vices
Qu’à ce point inouï longtemps nous nous plaisons.
Voit-on pas se flétrir en moins de deux saisons
L’union des amants vertueux ou novices ?

Rappelle-toi par quels consommés artifices
Nous pûmes de nos feux maintenir les tisons,
Et tout ce que, pour aiguiser nos pâmoisons,
Nous avons combiné de baumes et d’épices.

Ainsi, cette nuit-là, lorsque j’eus, de mon mieux,
(Ah ! la belle besogne !) étalé sous les yeux
Des fruits de mon passé l’écœurante récolte,

Nous sûmes (quel instant !) du monstrueux accord
Que venaient de signer ma honte et ta révolte
Faire naître un frisson qui nous secoue encor !