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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/37

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31
LE POÈME SANS NOM.


XXI


L’humble fille des champs, tu sais, que j’ai séduite,
Dans l’imbécile espoir de t’oublier un peu,
Est tout à fait fermée à l’érotique jeu ;
Et tu rirais de sa ridicule conduite.

De même qu’elle s’est offerte tout de suite,
De même elle est soumise aux abus de mon vœu :
Mais cette primitive a faim surtout de bleu,
Et sur le bord du mal elle tremble, elle hésite.

Elle a toujours rêvé qu’on l’aimât gentiment ;
Elle est dans toute sa fraîcheur de sentiment.
Ses yeux demeurent clairs, tels ceux d’une madone.

Elle ne comprend rien à ma salacité :
Chastement (pourras-tu le croire ?) elle se donne,
Et goûte mon étreinte avec honnêteté.