Aller au contenu

Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
LE POÈME SANS NOM.


LXI


Il arrive qu’un bûcheron, dans la fureur
De son travail et quand de fatigue il ahane.
Se trompe et va blesser quelque naissant platane
Ou quelque jeune et frissonnant saule-pleureur.

Alors, le bûcheron, navré de son erreur,
Et tout s’injuriant, retourne à sa cabane…
Moi, sciemment, je viens de blesser Marianne.
Et je rentre chez moi sans éprouver d’horreur.

C’est ainsi ! Je n’éprouve aucune horreur, vous dis-je !
Et, même (qu’est-ce donc, dites, que ce prodige ?).
Je sens comme une main qui sur mon cœur brutal

Exprimerait le suc d’une odorante grappe !…
Eh ! ne sais tu pas bien, méchant, que le santal
Parfume exquisement la hache qui le frappe !…