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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/86

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LE POÈME SANS NOM.


LXIII


Sur le chemin poudreux, dans la lumière hostile.
J’avance, en trébuchant, de fatigue recru.
Sur ma tête s’éploie un bleu d’outremer cru ;
La plaine, autour de moi, terriblement rutile.

Rien à mes yeux n’a plus de forme ni de style.
L’air brûle. Le fardeau de mon sort s’est accru.
Tout à coup, dans le ciel quelque chose a paru ;
Moins que rien : un flacon, une vapeur subtile,

Un cirrus, un nuage, oh ! d’abord, si petit !…
C’est prodige, pourtant, comme vite il grandit !
Il ouvre, immensément, ses deux ailes de neige…

Et voici que m’inonde un bonheur sans pareil
Et que le poids affreux de mon destin s’allège :
L’ange de la fraîcheur plane sous le soleil !