Page:Dom Bougre aux États-généraux, ou Doléances du portier des Chartreux, 1791.djvu/13

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de ſes mignons pour qu’il reſſemblât mieux à une femme, & qui ſe prêtoit lui-même à un de ſes affranchis, en contrefaiſant les cris d’une fille qu’on dépucèle.

L’exces du mal vient peut-être de l’excès de la peine brûler ! C’eſt bien ſérieux, & qui dénoncera une homme qu’on doit brûler s’il eſt convaincu ? S’il plaiſoit à nos ſeigneurs des états d’ordonner que les bougres & bardaches ſeroient publiquement flagellés ſur les épaules par des filles de joie, en faveur de qui on pourroit créer des offices de correctrices. Le nombre de coups ſeroit en proportion de la gravité de la faute. La correction ne ſeroit point réputée infamante, tous les états, tous les âges y ſeroient ſoumis. Cinq ou ſix exemples fait ſur des abbés, des marquis, même ſur des maréchaux de France, s’il y avoit lieu, réprimeroient avant peu le goût horrible que les révérends pères Jéſuites n’ont que trop enraciné en France.



CHAPITRE III.

De la Bestialité.


La beſtialité eſt le crime des ſimples ou des foux. On demande à un jeune payſan que l’on trouve accouplé avec une vache, ce qu’il fait ? Eh, mais, répond-il, je faisons un monstre pour la foire S. Germain.

Il n’y voyoit pas plus de conſéquence : ce ſont en général les jeunes bergers qui goûtent le plaiſir par cette voie ; les filles de village ſont trop ſages, & les garçons trop occupés. Le berger ſeul, couché ſur l’herbe, rêve, bande, ſe branle, voit