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Page:Domela Nieuwenhuis - Le Militarisme.djvu/15

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d’une troisième partie. Et les projets de l’empereur concernant la flotte ont été acceptés en principe.

Est-ce là, oui ou non, de l’hypocrisie ? Tous, soi-disant, veulent la paix et cependant les armées augmentent et les dépenses militaires se font toujours plus lourdes !

Mais aussi que peut-on attendre d’un tsar comme préconiseur de la paix, de celui qui, dans une même année, dans l’année même du message de la paix (1898), a envoyé en Sibérie pas moins de 1.000 détenus politiques pour y mourir d’une mort lente mais sûre, qui fait quitter le pays à 20.000 citoyens pacifiques à qui il ne restait pas d’autre moyen de se soustraire aux maltraitements pacifiques (!) du gouvernement tsariste.

Mais probablement on s’arme jusqu’aux dents par seul amour de la paix et les puissances font preuve de leurs intentions pacifiques en poussant jusqu’à la folie les dépenses militaires et les contingents d’armées.

C’est là l’application du mot ailé : Si vis pacem, para bellum. Cette théorie ne peut pas être mieux démontrée dans toute son absurdité que par cette causerie entre voisins :

Voisin A. — Mon cher voisin, comme je suis bien aise que nous ayons toujours vécu en bonne entente ! Voilà pourquoi j’ai acheté une bonne trique, regarde voir.

Voisin B. (examinant la trique). — En effet, voilà une bonne verge. Avec cela on pourrait à merveille enfoncer un crâne. Combien c’est heureux que nous vivions en bonne intelligence ! Donc je vais m’acheter, moi aussi, une trique pareille, bien que j’aie plutôt besoin de mon argent pour le ménage.

Quelque temps après :

A. — Regarde, voisin. Je me suis défait de ma trique en la donnant à quelqu’un qui était moins civilisé, car, tout bien considéré, c’est une manière d’agir très grossière que de s’assommer avec un bâton. Voici un sabre qui est bien plus facile à manier et bien plus élégant. Je suis si content de m’entendre si bien avec mes voisins et de vivre tous en paix.