Aller au contenu

Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


S’en fut aux bords du Nil, et, pâle sous l’épreuve,
Confia son enfant à la bonté du fleuve.

La corbeille, suivant le vert courant des eaux,
Un matin s’arrêta parmi de longs roseaux.

L’enfant dormait, tandis qu’au long des rives calmes
Des palmiers lui versaient la langueur de leurs palmes.

Or, la fille du Pharaon, ce matin-là,
Afin de se baigner au fleuve s’en alla.

Elle aperçut l’enfant blond qui dormait encore
Et qui lui souriait de sa bouche d’aurore.

Elle dit : « C’est là sans doute un fils des Hébreux ;
« Mon père a fait des lois bien cruelles pour eux ;

« Mais contre cet enfant moi je n’ai point de haine :
« Doit-on laisser périr la créature humaine ? »

Et comme elle était juste, elle n’hésita pas,
Et maternellement prit l’enfant dans ses bras.

Or la fille du roi s’éloignait de la rive :
Un batelier chantait une chanson plaintive,