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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/105

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VENGEANCE FATALE

— Et vous ne me dénoncerez pas ?

— Je ne te dénoncerai pas ?

— Vous me le promettez ?

— Je te le promets.

— Jurez.

— Je jure que je ne te tuerai pas et que je ne te dénoncerai pas non plus. Maintenant, raconte vite. Et d’abord dis-moi quel est cet homme qui vient de nous quitter.

Puivert ne répondit pas.

— Réponds, lui ordonna Louis.

— C’est M. Darcy, fit le fermier avec effort. Louis faillit s’évanouir.

— Je m’en doutais, murmura-t-il, avec douleur. Mon Dieu, mon Dieu ! que vais-je devenir ? mieux aurait valu pour moi ne jamais rien savoir de cette lamentable histoire.

— Il en est encore temps, dit Puivert, qui connaissait les amours de Louis avec Hortense et qui devinait le côté faible du jeune homme.

— Non, maintenant, il faut que je sache tout.

— Soit. Je vous dirai d’abord que c’est un moment de colère qui m’a fait tomber dans la triste position où je suis vis-à-vis de cet homme. Mais comme cela ne vous intéresse guère, je ne vous en rapporterai que ce qui est absolument nécessaire pour l’intelligence de ce récit. Un jour, j’en ai la date gravée dans ma mémoire, c’était le 13 juillet, je charroyais du bois sur le bord de la rivière à Ste-Anne, loin de toute habitation, lorsqu’un autre homme vint lui aussi pour chercher du bois. Je ne me rappelle pas trop ce qui fut la première cause de la scène qui devait suivre, mais bientôt s’éleva