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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/120

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VENGEANCE FATALE

Or l’enlèvement de cet enfant, qui n’était autre qu’Hortense, avait eu lieu lors de cet incendie que Darcy avait allumé lui-même.

Racontons les faits de cet événement aussi succinctement que possible.

Pendant que Mme Darcy souffrait déjà de la maladie qui devait la conduire au tombeau, c’est-à-dire quatre ou cinq ans après le meurtre de cette femme au cœur si tendre, Mathilde Gagnon, la mère de Louis Hervart, Darcy achevait de dépenser l’héritage qu’il tenait de son père. Il lui restait bien quelques immeubles, sa terre à Ste-Anne, grevée cependant de quelques hypothèques, mais cela ne pouvait lui permettre de continuer la vie luxueuse qu’il menait depuis son retour à Montréal ; il lui fallait donc augmenter sa fortune ou diminuer le ton de ses dépenses.

Ne pouvant se résoudre à ce dernier parti, il songea à commettre un nouveau crime. Le succès qui avait jusque-là couronné tous ses méfaits, n’avait fait qu’augmenter sa hardiesse dans les entreprises de ce genre. Il eut encore une fois recours à Puivert.

Le plan des deux malfaiteurs, conçu depuis longtemps par Darcy, fut bientôt mis à exécution. Il s’agissait de détruire, au moyen d’un incendie, une maison de commerce appartenant au banquier et dont les étages supérieurs étaient habités par le négociant lui-même et sa famille. Ce négociant, nommé Delaunay, était marié depuis une couple d’années et n’avait qu’un seul enfant, une fille. Darcy avait appris de lui-même, qu’en dehors de son négoce, Delaunay s’occupait en même temps quelque peu d’agiotage. De nombreux capitaux déposés entre ses mains, à un taux d’inté-