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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/123

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VENGEANCE FATALE

boîte, qu’il avait enfin découverte dans le meuble où Delaunay tenait enfoui son argent, ainsi que tous ses papiers de quelque importance.

— M. Darcy, vous ici ! cria-t-elle, hors d’elle-même.

À ces cris, Darcy voulut baisser la lumière et se sauver avec la boîte et son contenu. Mais il n’en eut pas le temps et il lança la lampe pleine d’huile vers madame Delaunay. Il n’atteignit pas son but, car la lampe se brisa et l’huile, en se répandant, fut la cause que le feu prit aux vêtements de madame Delaunay, qui se mit à pousser des cris formidables. Darcy la transporta dans la chambre à coucher et il allait s’élancer hors de la maison, lorsque les supplications de sa victime l’arrêtèrent.

— Homme barbare ! murmura-t-elle en pleurant, n’avez-vous donc plus rien qui bat dans votre cœur ? Si vous n’avez pas eu pitié de la pauvre mère, ne pouvez-vous pas avoir au moins pitié de ma fille ! Je vois bien qu’il ne me reste plus qu’à mourir, mais si vous avez encore quelque sentiment d’un père de famille, emportez avec vous mon enfant, afin qu’en quittant cette vie, je sois sûre qu’elle a été sauvée. Voyez à son éducation, me le promettez-vous ?

— Je vous le promets, répondit l’incendiaire, aux dernières paroles de l’infortunée. Puis il prit l’enfant dans ses bras, ramassa par terre un livre de prières en velours rouge tombé d’une table pendant le vacarme, s’élança hors de la maison et donna lui-même l’alarme du feu

Tout le monde sait que le télégraphe d’alarme n’était pas alors perfectionné comme aujourd’hui, et que les appareils pour éteindre un incendie ont été beaucoup