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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/126

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VENGEANCE FATALE

— C’est vous M. Darcy, dit-il, c’est cela, entrons et causons sans bruit, car j’en ai long à vous apprendre. Notre vie même est menacée.

— Bien, bien, prends ton temps et n’aie pas de craintes inutiles.

— Inutiles ! Ah ! plût au ciel que ce fussent des craintes inutiles ! Mais, malheureusement, je vous assure qu’il y a de quoi être inquiet.

— Entre donc, fit Darcy en le conduisant dans son cabinet de travail.

C’est alors que ce dernier qui n’avait pas remarqué la figure de son fermier fut frappé de la pâleur et du bouleversement qu’elle offrait. Cependant il ne parut pas s’en apercevoir et attendit que son interlocuteur se décidât à parler sans lui poser de question.

— Préparez-vous à entendre quelque chose d’épouvantable, commença Puivert et, en peu de mots, il mit Darcy au cours de tous les faits de la scène qui s’était passée entre lui et l’étudiant.

— Malheureux ! rugit Darcy, après avoir écouté sans y faire la moindre interruption tout le récit de Puivert. Est-il vrai que tu as instruit Louis de tous ces faits ?

— Il fallait tout dire ou mourir ; j’ai préféré lui dire tout ce que je savais.

— Lâche ! ajouta Darcy, se laissant aller à toute sa colère.

— J’ai encore été bien bon de venir vous avertir, car pour moi j’ai la vie sauve.

— Et moi ?

— Je ne sais rien de ses intentions à votre égard.

— Eh moi, j’en sais quelque chose. Louis essayera de me tuer ou me fera arrêter, mais je saurai bien me