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Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/19

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VENGEANCE FATALE

— Vraiment, fit-il, vous m’aviez déjà rencontré ?

— Mais oui, répondit Mathilde sans se troubler, et j’aurais cru trouver chez vous une meilleure mémoire des figures que vous avez déjà vues.

— J’espère que vous voudrez bien me dire l’endroit de cette première rencontre.

— Sans doute, je dirai presque avec plaisir, parce que vous semblez décidément ne pas avoir une mémoire heureuse ; c’était sur la Place d’Armes, où j’étais avec ma mère, je vous rappellerai en même temps votre exclamation à mon égard à cette occasion ; mais peut-être serait-ce inutile, dans le cas où vous ne l’auriez pas oubliée.

— Non, mademoiselle, je ne l’ai pas oubliée ; j’avais tort, mais il m’est impossible de taire mes pensées.

— Même des pensées de cette nature ?

— Même celles-là. Ne me pardonnerez-vous pas ce langage pour une fois ?

— Il le faut bien, monsieur. D’ailleurs, le service que vous m’avez rendu depuis m’a fait oublier cet incident.

— Maintenant, si j’ai bien compris le sens de vos dernières remarques, vous douteriez que je doive au hasard le bonheur de vous avoir été utile ensuite.

— Je me trompe peut-être, mais je croyais tout simplement que vous m’aviez suivie.

— Vous ne vous trompez pas.

— J’en étais sûre ; mais quand je vous ai quitté la seconde fois, ne m’avez-vous pas vu entrer chez M. Pouliotte ?

— Pas le moins du monde.

— Pourquoi donc m’aviez-vous d’abord suivie et