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MA TANTE


Nous soupâmes donc d’une petite salade, avec des œufs à la tripe, car, dit ma tante, « puisque nous voyons l’espérance de gagner un peu notre vie, il ne faut pas nous la reprocher, et j’ai mis ce soir deux plats pour un. Vois-tu, ma nièce, il faut savoir se proportionner aux temps. Quand on a de quoi, il ne faut pas être traître à son corps ; de même quand on n’a rien, il ne faut pas être gourmand, mais se passer avec la moindre chose. Buvons donc et mangeons, et Dieu bénira ton travail ».

Nous dîmes notre Benedicite… et malgré nos deux plats, nous ne tardâmes pas à dire aussi nos Grâces. Le couvert ôté, nous reprîmes nos places auprès de la lampe ; moi, ma chaise et un tabouret pour mettre mes pieds et soutenir la robe que je cousais, et ma bonne tante son petit fauteuil de paille, mais ressanglé de tapisserie.

Eh bien ! ma tante, lui dis-je, nous