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Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/284

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MA TANTE


» fille dangereuse, à qui on ne peut rien confier… bref, vous n’êtes bonne à rien qu’à retourner dans votre campagne pour y conduire des vaches ou des moutons. Je vais faire écrire à votre mère, qu’elle vienne vous rechercher bien vîte et vous remmener ».

Le méchant et rancuneux abbé rappela encore une remoulade où, par distraction toujours, j’avais mis trop de moutarde. Ça lui causait des picotemens, le faisait tousser, et ça l’empêcherait de chanter le soir des couplets nouveaux de sa composition, à un souper délicieux où il était invité… Enfin, tout le monde m’accusant, et personne ne me défendant, je fus condamnée tout d’une voix et dégradée de toutes mes fonctions.

« Par humanité, me dit la maîtresse, je consens à ce que vous restiez dans mon hôtel jusqu’à ce que votre mère soit arrivée ; mais que je ne vous voie plus, et sur-tout ne vous mêlez de rien ici ».