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Page:Dorvigny - Ma Tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, 1800.djvu/76

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MA TANTE


porte, et ne pus d’abord connaître de ces futurs maîtres que la voix ; mais ayant eu depuis le temps d’examiner leurs figures, et d’apprécier leurs sentimens, je puis en faire la double description.

Monsieur le procureur était un homme de cinquante ans environ, l’air encore assez frais, mais d’un maintien tartuffe au premier abord, par l’habitude que les gens de cette profession ont de vouloir en imposer, et voir venir les autres. Des yeux très-vifs et très-perçans, recouverts de sourcils noirs et épais qui leur donnaient un regard à double entente, vous épluchaient et vous scrutaient toute une personne, avant que sa langue se fût mise en frais pour un seul mot ; mais lorsqu’ensuite elle avait pris son tour, elle se dédommageait amplement du petit retard que la politique lui avait imposé. Un cou tors et engoncé, un ventre épais, des jambes engorgées et arquées, s’emboîtant dans des genoux