Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/230

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Tancrède m’eût jeté à terre, s’il en avait eu le temps ; mais, au bout d’une cinquantaine de pas, une énorme pierre qui se trouvait au bord de la route lui fit prendre peur et faire un saut en arrière. Affolé, il tourna sur lui-même si violemment que maintenant encore je ne comprends pas comment je ne fus pas désarçonné, comment je n’eus pas les os rompus, ni même comment Tancrède, en pivotant si brusquement, ne se donna pas un écart. Rebroussant chemin, il s’élança vers la porte cochère ; il agitait furieusement sa tête, se démenait comme un possédé, se cabrait et s’efforçait, à chaque nouveau bond, de me culbuter, comme s’il avait eu sur le dos un tigre se cramponnant à lui, et le déchirant de ses dents et de ses griffes. Une seconde de plus, et j’aurais été précipité à terre ; je glissais même déjà,