Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/246

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dans la matinée, et dont le départ avait attiré les sarcasmes de M. M***. La veille il nous avait annoncé qu’il s’en allait très-loin, au sud de la Russie ; aussi jugez de mon étonnement en le revoyant à cette heure, seul avec madame M***. Quant à elle, l’émotion qui l’agitait la rendait méconnaissable ; de grosses larmes roulaient sur ses joues. Le jeune homme, penché sur sa selle, tenait sa main qu’il couvrait de baisers. Évidemment, je ne surprenais que l’instant des adieux, car ils avaient tous deux l’air de se hâter. A la fin il sortit de sa poche une enveloppe cachetée qu’il remit à madame M***, puis entourant de ses bras la jeune femme, il lui donna, toujours sans quitter la selle, un long baiser passionné. Une minute après, cravachant son cheval, il passait devant moi comme une flèche. Pendant quelques instants, madame M***