Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/268

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baisers, ivre de joie. Pendant quelques minutes je fus comme fou !… Encore brisé par tant d’émotions, étendu sur les coudes dans l’herbe, je restais là, fixant d’un œil hagard tout ce paysage qui m’entourait, les collines, les vastes prairies, la rivière serpentant à perte de vue, resserrée entre les coteaux et les villages qui apparaissaient comme des points lumineux dans le lointain ensoleillé, tandis que la vaste ceinture des forêts environnantes semblait s’envoler comme une légère fumée bleue dans l’horizon enflammé.

Peu à peu, sous l’influence de cette douce quiétude, du calme solennel qui se dégageait de toute la nature, mon cœur troublé s’apaisa. Je me sentis mieux, et je poussai un long soupir…

Mon âme, dominée par une sorte de pressentiment, se sentait envahie par une